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Esther Ushindi, 22 ans, est encadreur des enfants à Goma, province du Nord-Kivu.

Une bombe est tombée sur le site des déplacés de Mugunga, dans la province du Nord-Kivu le 3 mai dernier. Les autorités congolaises ont avancé un bilan provisoire de 14 morts. Dans la journée, nous n’avons pas pu entrer en contact avec les jeunes contributeurs de Pona Bana qui sont sur le site de Bulengo pas loin.

 

Ce n’est que vers 22 heures, heure locale, que nous avons réussi à les joindre.

« Les activités ont été interrompues après l’explosion des bombes. Une est tombée sur notre site et deux autres sur le site de Mugunga, non loin de chez nous », raconte *John, âgé de 14 ans, jeune reporter du site de Bulengo.

 

Cet enfant et ses amis étaient devant leurs tentes en attendant midi pour aller à l’école l’après-midi. « Une secousse a été ressentie. Elle a été suivie des déflagrations des bombes », poursuit le jeune.

Dans cette partie de la ville de Goma, les bruits des détonations et explosions sont fréquents. Du coup, les habitants ne s’inquiètent plus des détonations des armes lourdes. « Cela commence le matin, vers 7 heures. Tant que cela ne se produit pas dans notre direction, les activités se poursuivent normalement. Nous sommes habitués. Six jours sur sept, il y a des échanges de tirs », détaille le jeune reporter.

 

Les déplacés visés?

Aujourd’hui, nous étions visés. La première bombe est tombée dans une clôture à côté de notre site. Heureusement qu’il n’y avait personne. Il y a eu une grande agitation sur le site. Les gens se bousculaient pour se mettre à l’abri. Sur le site, les activités ont été suspendues. Les agents humanitaires déjà présents sont rentrés directement en ville. J’avais peur. Peur de savoir que la prochaine bombe pourrait tomber sur nous. En fait, je ne sais même pas par où m’enfuir. Nous sommes juste à côté du lac, il n’y a pas de sortie… », s’inquiète *John.

La deuxième bombe est tombée sur le site de Mugunga, à quelques pas du site de Bulengo ou vit le jeune. « J’ai vu les corps des enfants morts, ensanglantés, etc. J’ai entendu des pleurs, des cris, des gémissements, etc. Une peur indescriptible. Peur de mourir moi aussi. En fait, je pensais qu’ici sur le site des déplacés, nous sommes en sécurité. Mais non. Les bombes peuvent nous atteindre ici aussi », se plaint le jeune.

 

« Depuis ma naissance, je n’avais jamais vu de morts. Avant, j’en avais peur parce qu’on nous en parlait dans des histoires. Depuis deux ans, j’en vois souvent. Cela marque toute une vie. S’ils ne meurent pas par balles, c’est par une bombe ou la maladie. Ma mère est morte récemment de maladie », ajoute John.

« Je souhaite rentrer chez nous à Rumangabo. Je demande aux autorités de penser à préserver nos vies et qu’elles nous ramènent la paix. Nous survivons déjà ici avec la famine. Le niveau d’éducation des enfants régresse et, de surcroît, nous devons encore vivre dans la peur au risque de mourir à chaque instant », conclut l’enfant reporter.

Il reste encore en vie. Pendant ce temps, les combats se poursuivent dans sa région.

 

Esther Ushindi