Je m’appelle Moïse. J’ai 15 ans. En fait, je suis enfant reporter et je suis aussi membre du comité des enfants formé sur le site des déplacées en 2023. J’ai toujours rêvé de retourner à Kibumba, mon village d’origine.

On s’était déplacé pour fuir les conflits et l’insécurité. Et j’ai toujours voulu revoir mes amis pour qu’on puisse encore jouer ensemble et partager tout ce que j’ai appris pendant mon déplacement.
Mon rêve s’est réalisé. Je suis rentré chez moi et j’ai retrouvé mes amis. Après trois ans de séparation, les revoir m’a rempli de joie.

Sensibiliser sur les droits de l’enfant

Pendant mon séjour sur le site des déplacés, j’ai appris beaucoup de choses, notamment sur les droits de l’enfant et le plaidoyer. De retour dans mon village, j’ai commencé à sensibiliser d’autres enfants sur leurs droits. J’ai aussi échangé avec eux sur les jeux que j’ai découverts.
Avec mes amis, nous organisons des activités pour nous rappeler la vie que nous avions avant les affrontements. On se raconte aussi ce que nous avons appris pendant la durée de notre séparation. Ceux qui étaient restés au village nous racontent aussi leurs histoires.
Pendant ces moments, j’en profite aussi pour parler des droits de l’enfant et des articles de la Convention relative aux droits de l’enfant.
En fait, à l’«espace ami d’enfants », on pratiquait un jeu avec du matériel approprié. Mais dans mon village, nous utilisons des graines trouvées sur les arbres et creusons des trous dans le sol pour jouer. Nous organisons aussi des jeux de plaidoyer, comme on le faisait avec le comité des enfants. Mon objectif est d’appendre aux enfants de mon village les techniques de sensibilisation et de plaidoyer. Une fois bien formé, ensemble, nous pouvons mener certaines actions devant les autorités de Kibumba.
Au-delà des droits de l’enfant, j’ai aussi appris d’autres chansons et j’ai appris des choses sur les conséquences du changement climatique.
Lorsque je suis rentré au village, j’ai constaté des problèmes qui violent les droits de l’enfant et touchent aux questions de l’environnement. Il y a des enfants qui ne vont plus à l’école. Au lieu d’aller apprendre, ces enfants vont en brousse pour veiller sur les vaches et gagner de l’argent.
En brousse, certains enfants se mettent même à fumer pour résister au froid. De plus, beaucoup d’habitants, y compris mes parents, coupent les arbres dans la forêt pour fabriquer du charbon à vendre.
Seulement, j’ai constaté qu’il n’y a pas d’encadreurs ici à Kibumba. Ce serait vraiment bien qu’on puisse avoir aussi des encadreurs pour mieux accompagner les enfants ici dans mon village.
En attendant, je vais poursuivre mon engagement en sensibilisant mes amis. Ensemble, nous allons informer d’autres enfants sur leurs droits et alerter notre communauté sur l’impact du changement climatique.
Pona Bana, qui signifie « pour les enfants » en lingala, est le blog des jeunes en République Démocratique du Congo. Lieu d’échange et d’information, Pona Bana est également un instrument pour encourager la participation des enfants.