Marina est Enfant Reporter de Matadi dans la province du Kongo-Central.

Sarah, âgée de 13 ans, était une élève assidue, brillante et douée d’une intelligence remarquable selon tous ceux qui l’ont fréquenté. L’éducation était pour elle la voie par excellence pour la réalisation des ambitions qu’elle n’avait cessé de nourrir.

Au cours de son parcours scolaire du cycle primaire, Sarah avait souvent été comptée parmi les meilleurs de sa promotion, sans que cela ne pose problème. Arrivée aux secondaires, l’attitude de ses condisciples garçons n’était plus le même vis-à-vis de ses performances. Selon la perception communément rependue dans les écoles secondaires, l’excellence est l’apanage des garçons.

Être fille et première de sa promotion n’était pas bien accueilli par la plupart des garçons.

Bien qu’ayant mérité ses résultats au prix de beaucoup d’efforts et de sacrifices, Sarah sera de plus en plus marginalisée, harcelée moralement et psychologiquement, voire agressée physiquement par ses condisciples garçons. Les filles doivent toujours démontrer plus que les garçons et faire plus d’efforts pour être reconnues.

Violences basées sur le genre en RDC : une situation trop répandue

Résister aux insultes et à la marginalisation sociale est un combat difficile à mener si nous sommes seules, si nous n’avons pas un accompagnement et une protection adéquate de la part de nos enseignants et enseignantes. En plus, quels sont les modèles des femmes qui puissent nous servir d’exemple de réussite ? Malgré que beaucoup de femmes africaines et congolaise aient brillé et contribué à écrire l’histoire de notre pays et notre continent, nos matériels didactiques ne nous présentent que des hommes comme modèles à suivre. Les femmes ont disparu de notre histoire.

Les violences basées sur le genre en RDC sont largement répandues dans le milieu scolaire, poussant certaines filles à arrêter leur scolarisation.

Et alors Sarah, qui était pourtant régulière à l’école, se sentant de plus en plus traumatisée et isolée, se décidera d’arrêter d’assister aux cours par peur des nouvelles agressions, par manque de confiance en elle-même, pour le simple fait d’exceller en tant que fille.

Cette mauvaise expérience vécue par Sarah n’est cependant pas un cas isolé. Les violences que les filles subissent quotidiennement sont multiples. Les institutions scolaires sont souvent des espaces d’intolérance, de discrimination, et de violence dont les filles sont, de manière disproportionnée, les victimes et pour cela décident de quitter l’école.

D’après les enquêtes menées en 2018 au niveau national avec l’appui d’UNICEF, seules 33% des filles sont au niveau secondaire, et le niveau d’analphabétisme chez les filles dépasse le 45% contre 15% chez les garçons. Si cette situation persiste, non seulement le taux de scolarisation des filles, déjà très faible au niveau des secondaires en RDC, ira de plus en plus décroissant.

Naître fille n’est pas un handicap

Nous aimerions recommander au Ministère de l’Education Primaire, Secondaire et Technique de mettre en place, au sein des établissements scolaires, des dispositifs de protection et de prévention des violences basées sur le genre afin de garantir l’égalité des chances entre les élèves filles et garçons. Les enseignants et les enseignantes doivent être formées sur le danger des violences basées sur le genre dans tout le territoire national, le nombre des enseignantes devrait augmenter et le matériel didactique être revus.

La concrétisation de ces recommandations fera de la RDC un pays où le fait de naître fille ne sera plus un handicap brisant les rêves des millions d’individus, comme c’a été le cas pour notre amie Sarah. Nous aussi voudrions être des héroïnes et protagonistes dans la construction de notre pays.

Ensemble, nous disons non aux violences basées sur le genre !