Bora a 14 ans et elle est enfant reporter à Lubumbashi. Plus tard elle veut être criminologue. Aujourd’hui elle s’attache à rassembler les enfants reporters de toutes les provinces pour que leur voix résonne jusqu’au bout du monde!

Bora is 14 years old and is a child reporter in Lubumbashi. In the future she would like to be a criminologist. Today, she is trying hard to bring together child reporters from all the provinces so that their voices will be heard in the far corners of the world!

Nous sommes à Kipushi, cité minière et frontalière avec la Zambie, dans la province du Katanga en RDC. Nous nous trouvons précisément situés dans les carrières Luwongo, site douane, et la rivière artificielle nommée Katapula. Dans ces différents sites, plusieurs enfants dont l’âge varie entre 3 et 18 ans travaillent aux côtés d’autres persones, adultes.

Ils cassent des pierres pour produire du gravier ou tentent de recueillir les restes de minerais qui sont déversés avec des matières toxiques autour de l’entreprise Gécamines. Ils travaillent mains et pieds nus, sans aucune protection, au détriment de leur santé.

Nous avons rencontré deux enfants : Jeanne Mwanza Martine et Mulapu David, âgés respectivement de 13 et 12 ans. Nous les rencontrons au bord d’une rivière acidifiée et toxique à Kipushi, une ville située à près de 30 km de Lubumbashi qui est la capitale de la province du Katanga.

Ils ont accepté de nous raconter leur histoire :

Jeanne démarre tous les jours sa journée à 6 heures du matin. « Lorsque j’arrive à la rivière, je plonge mes mains dans cette eau acidifiée et toxique pour y extraire quelques restes de minerais. Je travaille ainsi toute la journée. Parfois, je ne trouve rien. Si ce jour-là, j’ai de la chance, en vendant mes minerais, je peux gagner environ 2000 Fc (2 USD) », nous relate Jeanne.

Many children in the quarry spend their day breaking stones into gravel.

Cette modique somme, nous a-t-elle expliqué, ne lui permet que d’acheter quelques légumes pour se nourrir. Elle n’a donc ni le temps ni les moyens d’aller à l’école ni même de jouer comme les autres enfants.

Quant à Mulapu David, lui démarre sa journée à 7 heures du matin. Muni de son burin qui pèse 1kg et demi, il casse les pierres pour en faire des graviers. Pendant son travail, il lui arrive très souvent de se blesser avec son outil ou de recevoir des projections de morceaux de cailloux dans les yeux. À cause de la poussière permanente dans la carrière, il est exposé à plusieurs maladies telles que le rhume, la toux, les maux de tête et pire, la cécité.

Il rêve plus tard de devenir médecin.

Selon les données du Cadre de Concertation et de Surveillance Communautaire qui gère la question des enfants en difficulté à Kipushi, il y aurait environ 4 000 enfants en situation de vulnérabilité parmi lesquels nombreux travaillent dans les carrières.

Pour Jeanne et David, comme pour tous les autres enfants évoluant dans les mines et carrières de Kipushi, ce travail ne les valorise pas en tant qu’humains.

Ils ont déjà perdu la notion du temps, ils ont perdu leur enfance, ils n’ont pas de loisirs.

À cause du travail pénible qu’ils effectuent tous les jours, et des conditions de nutrition et d’hygiène de manière générale, leur apparence physique ne correspond pas à leur âge. Ils ne vivent plus comme des enfants mais plutôt comme des adultes. Ils réfléchissent et participent à la survie de leur famille.

Malheureusement, chaque heure qu’ils passent en dehors de l’école les en éloigne un peu plus. Cela les éloigne aussi et surtout de leurs rêves.

La situation des enfants dans les carrières de Kipushi est un cercle vicieux. Faut-il quitter la mine ? Mais pour aller où ? Pour vivre comment ? Aller à l’école ? Avec quels moyens ? Poursuivre un rêve ? Tant de questions sans réponses. La solution se trouve sans doute ailleurs.

En tant qu’enfants reporters, nous nous sentons dans l’obligation de dénoncer la situation que vivent les enfants dans les mines et carrières de Kipushi. Privés de leurs droits et souvent victimes de violence morale et physique, ils n’ont pas d’avocat pour plaider leur cause. Certes, il existe déjà quelques efforts qui sont fournis mais ceux-ci restent insuffisants ou souvent mal encadrés.

Aujourd’hui encore, Kipushi et les autres sites miniers où travaillent des enfants restent le témoignage que la Convention relative aux droits de l’enfant ratifiée par la RDC n’est pas totalement appliquée. Nous faisons appel à vous, parents, décideurs, autorités politico-administratives à prendre action selon vos domaines d’influence respectifs afin de mettre fin à cette situation et que les enfants retrouvent une existence heureuse sur les bancs de l’école.

Ne dit-on pas que les enfants d’aujourd’hui sont le Congo de demain ?

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©Gulda El Magambo bin Ali

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À propos de l’UNICEF
L’UNICEF promeut les droits et le bien-être de chaque enfant, dans tout ce que nous faisons. Nous travaillons dans 190 pays et territoires du monde entier avec nos partenaires pour faire de cet engagement une réalité, avec un effort particulier pour atteindre les enfants les plus vulnérables et marginalisés, dans l’intérêt de tous les enfants, où qu’ils soient. Pour en savoir plus sur l’UNICEF et son action : www.unicef.org/french

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