Phinees Cijuka, a 16 ans et est enfant reporter à Mbuji-Mayi, Kasaï Oriental.

Je suis Phinée Cijuka, enfant reporter de la ville de Mbuji-Mayi. Je vais vous parler du travail des enfants dans un ravin réputé du quartier Bobo, l’un des quartiers de la commune de Diulu à  Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental.

Chaque fois qu’il pleut, Jonathan et d’autres enfants de son quartier, filles et garçons, vont chercher du sable et des cailloux dans des érosions. Ils vont dans ces ravins juste après la pluie. Et donc, une fois qu’ils ont fini de ramasser, ils vont les vendre sur des chantiers de construction.

Ce vieux ravin de plus de trois mètres de profondeur est assez long. En fait, beaucoup d’enfants y vont. Jonathan a 15 ans. Cet élève de  l’Institut Kampoyi en 7e année est parmi les enfants qui y travaillent. Lorsqu’il doit aller à l’école dans les après-midi, Jonathan vient chercher du sable et des cailloux les avant-midi. Il quitte le ravin vers 11h, rentre à la maison et s’apprête pour l’école. Lorsqu’il sort de l’école le soir, il repasse par le ravin, travaille encore.« Dans ce ravin, chacun travaille comme il peut, selon sa force et son énergie. Il y en a qui font 10 à 20 courses aller-retour avec du sable ou des cailloux », dit Jonathan.

L’argent qu’il gagne lui permet d’acheter des habits ou de payer ses frais scolaires. Et souvent, il contribue à acheter à manger dans sa famille. « Je peux avoir environ 7000 Fc ou 9000 Fc. Nous vendons un bassin de sable à 500 Fc. Un petit seau de cailloux se vend aussi à 500 Fc, le gros sac de ciment rempli de cailloux coûte 1000 Fc, le double», me raconte Jonathan. 

Dans le ravin à Mbuji-Mayi

Des enfants ramassent des cailloux dans un ravin (@ponabana)

Dans ce ravin, il y a des serpents venimeux qui sortent lorsque nous y sommes.  « Nous sommes souvent exposés au risque d’être mordu par des serpents. Mais, comme nous sommes dans un ravin, il y a aussi le risque d’effondrement des parois. Heureusement qu’aucun enfant n’est tombé dans ces deux pièges. Et quand nous apercevons des serpents, c’est la débandade. Nous fuyons sans savoir vers où aller », raconte-t-il.

L’Etat devrait assister certaines familles démunies

Pour le travail dans le ravin, certains enfants ramènent au ravin des bêches, des sacs et il y a certains qui ne travaillent uniquement qu’avec leurs mains. Ils utilisent des moustiquaires pour tamiser le sable et le séparer des cailloux. C’est triste à voir. Je me demande pourquoi les enfants doivent être confrontés à ce genre de travail et être exposés à autant de risques?

Une fois le sac de sable ou de cailloux rempli, ces enfants les portent hors du ravin pour aller vendre. Ces enfants le font parce qu’ils n’ont pas d’autres choix et ils doivent subvenir aux besoins de leurs familles. 

Et pourtant, la loi congolaise interdit le travail des enfants.

Je demande aux autorités de lutter contre toute forme de travail des enfants. Je pense que l’Etat doit assister les enfants qui vivent dans des ménages démunis pour qu’on ne puisse pas continuer à voir les enfants travailleurs. 

Encadreur : Donatien Muela