« Je suis retenue ici à la maternité depuis un mois. J’ai accouché d’une fille. Je n’ai pas d’argent pour payer avant de sortir. En fait, la maternité ne veut pas me laisser partir avec mon enfant », se plaint Niclette , 19 ans. J’ai rencontré cette jeune femme à Kingasani, commune de Kimbanseke, dans la partie Est de la ville de Kinshasa. En fait, elle manque 10 $ (Usd), soit près de 23 mille FC.
Assise sur un tabouret, Niclette mange du fufu avec des cous de poulets, accompagnés des amarantes. En fait, elle est installée sur une espèce de table en béton dans cette maternité des sœurs catholiques. Quelque temps après, deux autres jeunes femmes, enceintes, viennent rejoindre Niclette. Je suis frappé par le fait que, la plupart des femmes enceintes et celles qui ont déjà accouché sont vraiment jeunes.
Des mères jeunes
« Les femmes qui viennent ici ont entre 16 et 17 ans », m’explique la responsable de la pédiatrie. Elles sont généralement à leur première grossesse et il y a beaucoup de complications à l’accouchement.
Comme les mères, les pères sont également très jeunes et souvent irresponsables, pour la plupart. « Quand on demande aux filles où sont les papas, elles disent qu’ils sont en voyage. Mais en réalité, ils fuient leurs responsabilités », détaille l’un des responsables de la maternité. Et du coup, plusieurs filles sont retenues à la maternité parce qu’elles n’ont pas payé les frais de soins. Plus elles passent des jours dans la maternité, la facture augmente aussi.
Des mères bloquées par manque d’argent
En moyenne, près d’une trentaine de bébés naissent chaque jour dans cette maternité. C’est beaucoup quand j’essaie de faire rapidement le calcul. Cela montre combien la fécondité est élevée dans cette partie de la ville. Dans cette maternité, beaucoup d’autres jeunes filles sont dans la même situation que Nicette.
Je suis un peu choqué. Mais, dans la maternité de Kingasani, c’est un fait habituel. Et du coup, une femme peut vivre loin de sa famille pendant plusieurs semaines parce qu’elle ne peut pas payer le prix d’un plat au restaurant.
J’étais venue pour voir les enfants prématurés, mais la situation de Niclette a attiré mon attention. Pour le moment aucun programme pour rendre la maternité gratuite n’existe dans cet établissement. Niclette et d’autres femmes devront encore attendre avant de sortir. Mais, je me demande aussi quelle place devrait avoir la maternité et la paternité responsable. Je pense que les jeunes filles et garçons devraient savoir qu’avoir un enfant est une responsabilité qu’il faut assumer. Et ne pas mettre un enfant au monde sans savoir comment on va le prendre en charge.
Très bien de pareil sentiment.