Abischai Mbayo, enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut Katanga

Je m’appelle Abishai Mbayo, je suis enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga. J’ai visité la carrière Luwongo et j’y ai rencontré des enfants concasseurs de pierres. Parmi eux, il y a Patrick, 13 ans. Il m’a raconté son histoire.

 

 

Selon le témoignage de l’enfant

L’histoire de Patrick a commencé en pleine nuit, un jour alors qu’il dormait. La femme de son père l’aurait réveillé aux alentours d’1h30 du matin et lui aurait alors tenu ce discours : « Ta mère est morte depuis longtemps. Je ne suis pas ta maman et ne me compare pas avec elle. Va trouver ta mère au cimetière, c’est elle qui va commencer à te nourrir », raconte Patrick.

Elle aurait poursuivi en lui expliquant qu’elle n’est pas son fils, avant de lui faire clairement comprendre qu’elle le mettrait mal à l’aise dans la maison, à moins qu’il ne se mette à travailler dans la carrière, comme le font ses amis du quartier. Il lui rendrait alors compte tous les jours, en fin de journée.

 

Tout se passe en l’absence de son père

Patrick explique que son père est agriculteur. Il cultive son champ à 60 km de Kipushi où il habite. Il passe jusqu’à quatre mois sur le site de son champ, avant de revenir à la maison. Il rentre généralement à la maison pour les fêtes de fin d’année, noël et nouvel an. Et encore, pour quelques minutes seulement, comme l’explique Patrick.

« C’est donc en son absence que je subis toutes ces menaces. Mais je n’ai pas le choix, je suis obligé de travailler dans la carrière pour éviter des problèmes avec ma belle-mère. Et chaque jour, je lui donne l’argent que je gagne. Toute ma famille est à Kalemie. Après la mort de maman, j’ai accepté de suivre papa pour venir vivre avec lui à Kipushi. Nous sommes restés tous les deux d’abord avant que ma belle-mère n’arrive, une année plus tard. J’étais à l’aise et j’étudiais à l’école primaire Mwanga. Mais quand ma belle-mère est arrivée, les choses ont changées dans la maison », explique Patrick, avant d’ajouter : «  je manque de paix dans cette maison ».

 

Elle aurait menacé de lui faire arrêter ses études

«  Je n’étudie pas à cause d’elle. Elle m’a  contraint  d’abandonner mes études en 6e primaire parce que nous sommes pauvres», explique Patrick, en ajoutant qu’elle aurait déclaré que seuls ses enfants étudieront.

 

L’enfant  prépare son départ définitif

Face à cette situation, Patrick ne caresse qu’un seul rêve : celui de partir et de devenir autonome. Car pour lui, il est inconcevable de rester longtemps dans une situation aussi pénible avec sa belle-mère : «  Je pense quitter cette maison pour laisser ma belle-mère avec ses propres enfants. L’argent est le seul problème qui se pose pour me permettre de quitter cette maison. Mais je suis en train d’économiser. J’attends aussi de mieux définir mes projets, car je ne sais pas si je vais encore rester à Kipushi. Mais le jour où je vais partir, ce sera vraiment définitif » affirme Patrick.

 

J’exhorte les  parents à aimer, considérer et bien traiter les enfants, même dans les familles recomposées. Il est important de leur montrer de l’amour pour qu’à leur tour, ils transmettent aussi l’amour aux autres.

 

 

 

 

Encadreur : Christian Maland