Abigaël, 22ans, est une ancienne Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle est aujourd'hui étudiante en droit et continue de s'impliquer pour les droits des enfants en encadrant à son tour les Enfants Reporters.

Depuis le lundi 22 janvier, l’avenue Nguma, à Kintambo est en reconstruction dans la ville de Kinshasa. En se cassant, cette route a causé beaucoup d’embouteillages dans cette partie de la ville. Et cette route passe juste devant notre parcelle.

Alors, pour bien mener les travaux de réfection, les ingénieurs ont dû couper de l’eau aux habitants de notre quartier.

Déjà que nous n’avons pas été prévenus au préalable. Et c’est quand l’eau manque qu’on se rend compte combien cette denrée est importante pour notre quotidien.

 

Depuis la coupure, il faut transporter des récipients jusqu’au quartier Mont-Fleury en face pour chercher de l’eau. Pour remplir des gros récipients, il faut faire plusieurs navettes et renouveler les risques de se faire percuter par une voiture, à chaque traversée. Et comme il y a beaucoup de gens qui vont chercher de l’eau dans la même direction, il faut se lever tôt, voire très tôt. Parmi les personnes qui vont chercher de l’eau, il y a des enfants. Des enfants qui sont privés de leur droit d’accès à l’eau. Privés d’une eau potable au quotidien.

Les travaux se poursuivent sur cette route (@ponabana)

 

Les heures où les travailleurs autorisent le passage avec les récipients remplis d’eau ou vides, sont limitées. C’est soit avant 9 heures, soit après 16 heures.

En attendant, il faut composer avec le manque d’eau. Comment font les élèves qui doivent aller à l’école le matin ? Ils doivent puiser de l’eau le soir. Avec la fatigue, faire les devoirs du soir devient difficile. Dans ces conditions, les efforts fournis pour puiser de l’eau peuvent avoir des conséquences sur le réveil des élèves le matin.

 

En fait, les travailleurs ont préféré prendre des précautions pour ne pas endommager les tuyaux d’eau avec leurs gros engins lors des travaux sur la chaussée.

 

Manque d’information

 

Mais dans un environnement où l’eau n’est pas un problème, plusieurs foyers ont du mal à s’adapter aux nouvelles conditions de vie. C’est aussi là qu’on comprend mieux que « l’eau c’est la vie ». Certains habitants de mon quartier se plaignent du fait que les habitants ont accepté cette situation sans réagir, ni manifester. En fait, on n’a pas pris le temps de se préparer à ces nouvelles réalités, simplement parce qu’on a pas reçu l’information.

Oui, nous n’avons pas été informés que l’eau sera coupée durant toute la période des travaux de réhabilitation de la route. Personne n’a non plus pensé aux conséquences que cela pouvait avoir sur le quotidien des habitants du quartier.

 

Pour d’autres personnes, la fourniture en eau ne devrait pas être interrompue. Et pourtant, on se plaignait tous des embouteillages causés par le mauvais état de la route.

De devant chez moi, je peux voir les véhicules faire demi-tour face au barrage qu’ils ont devant eux. La route est barrée pour les travaux de réfection et de réhabilitation. Certains doivent faire le tour pour aller puiser l’eau. C’est vraiment un calvaire.

J’espère que des bonnes dispositions sont prises pour ne pas nous priver de ce droit élémentaire et fondamental.

En attendant, pour tout le monde, c’est la ruée vers l’eau. Une corvée !