Grâce Baloki, 16 ans, est enfant reporter à Kinshasa.

Je suis Grâce Baloki et j’ai 16 ans. Je suis enfant reporter de la ville de Kinshasa. J’habite la commune de Kasa-Vubu. Et depuis quelque temps, dans mon quartier, des enfants sont souvent arrêtés. La raison ?

 

J’ai entendu dire que, c’est parce qu’ils trainent dans la rue. Alors, certains enfants qui viennent de la maison pour aller acheter quelque chose qu’un adulte leur a demandé de prendre. Et ces enfants aident seulement leurs parents.

On ne voit pas souvent une mère aller s’acheter du sel quand elle a des jeunes enfants à la maison.

 

Pendant les arrestations, on peut en venir aux tirs

Alors, un lundi, en rentrant de l’école, j’ai appris qu’on avait arrêté quelques garçons, mineurs. La plupart venait d’acheter des vivres à leurs parents. Certains revenaient même de la pharmacie. Il y a ceux qui jouaient en groupes sur l’avenue qui ont été arrêtés. Ils ont tous eu le malheur de tomber sur le véhicule de patrouille de la police en plein jour.

 

Après l’arrestation de leurs enfants, certains parents se sont rendus au bureau de la police pour demander leur libération. Parmi les parents d’autres ont été violentés ou arrêtés.

J’étais à la maison un autre jour et j’ai entendu des coups de feu. Je suis sorti au balcon pour voir ce qui se passait. J’ai vu une dizaine de policiers armés sur notre avenue.

Ils tiraient pour disperser les familles qui essayaient de défendre leurs enfants arrêtés. Et les policiers menacent même de tirer sur ceux qui résistent.

 

Il ne faut surtout pas être différent

 

Pour ne pas être arrêté, il ne faut surtout pas être différent. Il faut ressembler à un enfant « calme ». Les policiers arrêtent certains jeunes qui ont des coupes de cheveux bizarres ou ceux qui s’habillent différemment. Avoir des cheveux avec teinture, des dreadlocks, etc., peut vous faire arrêter. Ou encore, c’est la façon de parler qui peut faire arrêter un jeune.

 

Pour arrêter ces jeunes, les policiers tendent des embuscades. Les victimes sont souvent des garçons. Ils sont victimes de leur jeunesse, victime de la mode vestimentaire et victime de la police.

Un garçon en jeans déchiré est considéré comme un délinquant, même s’il ne l’est pas. On l’arrête tout simplement. Mais comme c’est la mode et plusieurs garçons les portent. Ils doivent surtout veiller à ne pas tomber sur la police.

 

Je ne supporte pas la violence que je vois

 

En fait, je ne supporte pas toute cette violence. Voir des garçons de mon âge brutalisés par des agents de l’ordre, me choque. Ils sont traînés comme des animaux et accusés des choses qu’ils ne connaissent pas du tout.

Je voudrais aussi que les policiers sachent que l’apparence ne définit pas la personne. Et les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent.

La police est aussi censée protéger les enfants. Je crois aussi que avant de faire une descente sur terrain, la police fait un travail d’enquête pour éviter d’arrêter des innocents. Il est aussi vrai que dans certains quartiers de Kinshasa, il y a des gangs des jeunes qui sèment l’insécurité et qui s’en prennent aux habitants. De là, on arrête même les enfants, innocents. La police a pour mission de protéger les personnes et leurs biens. Les enfants font aussi partie de la population.

 

 

Encadreur : Nova Kwaya