Luc Baraka, enfant reporter de l'Ituri, âgé de 16 ans.

Dans la province de l’Ituri à Bunia, il y a beaucoup d’enfants déplacés de guerre qui ne peuvent pas aller à l’école. Ils ont abandonné l’école après les attaques de rebelles dans leurs villages.

Je me demande ce qu’ils vont faire en cette nouvelle année scolaire. Je suis tourmenté par le fait de savoir que certains parmi ces enfants ne vont pas étudier.

 

 

Je m’appelle Luc Baraka et j’ai 16 ans. Je suis inscrit en troisième année des humanités scientifiques. Pendant que des enfants vont à l’école pour poursuivre leurs rêves et les accomplir, d’autres enfants congolais sont contraints d’abandonner les études.

 

Il est évident que l’enfance est une période pour préparer un futur meilleur. Mais dans la province de l’Ituri, je suis bouleversé de voir les conséquences de l’insécurité sur les enfants. Voici près de 4 ans, l’insécurité est présente notamment dans les territoires de Djugu et Irumu. Et à cause de cette situation, plusieurs milliers d’enfants se sont déplacés vers Bunia avec leurs parents pour échapper aux violences.

 

 

L’insécurité a bloqué les enfants à la maison

 

L’insécurité persiste et il y a encore de nouvelles vagues de déplacés. Le nombre d’enfants déplacés continue d’augmenter. Comme beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, ils vivent maintenant dans la rue.

Le banc de l’école s’éloigne davantage de ces enfants à cause de l’instabilité politique. Les parents n’ont pas non plus les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants.

Triste constat. L’inégalité s’installe entre les enfants qui étudient et ceux qui n’étudient pas. Et ils sont nombreux à Bunia, ces enfants déscolarisés. Et pourtant, l’État congolais reconnaît à chaque enfant le droit à l’éducation.

 

« Depuis 2017, après avoir fui mon village du territoire de Djugu, je n’ai plus jamais remis les pieds à l’école. J’étais à l’époque en 5e primaire. Ce n’est pas parce que je ne veux pas. Mais, tout simplement parce que je ne peux plus rentrer à l’école », me confie d’un ton bouleversant, Angèle, jeune fille déplacée.

Âgée aujourd’hui de 14 ans, elle craint pour son avenir. « Je ne sais pas ce que je vais devenir demain. Je voulais devenir enseignante. Je crois en mon rêve, mais cela devient de plus en plus difficile d’y croire », ajoute-t-elle. Angèle n’est pas la seule jeune fille à se retrouver dans cette situation. Ses deux parents sont morts lors d’une attaque des rebelles dans son village. Déplacée à Bunia, elle n’est pas prise en charge. 

Que faire de cette situation inquiétante ?

 

Pour que les enfants déplacés puissent avoir accès à l’éducation, je pense qu’il faut d’abord le retour de la paix.

Sans la paix, rien ne peut se construire. À Bunia, beaucoup d’enfants déplacés s’entassent dans des sites. D’autres enfants sont dans les rues où ils ne font pas grand-chose. Pourtant, tout ce que les enfants veulent, c’est le retour effectif de la paix.

Cette responsabilité revient à l’État congolais. Je plaide pour que le Chef de l’État puisse restaurer la paix dans cette partie du pays. Ainsi, chaque enfant déplacé pourrait retourner dans son village et étudier sans trop de problèmes.

 

Un enfant qui abandonne les études aujourd’hui est un problème à gérer demain

 

Aujourd’hui si un enfant abandonne l’école, il devient un problème à gérer demain. Un enfant non scolarisé est potentiellement exposé à plusieurs difficultés. Pour moi, l’urgence qui s’impose est d’instaurer la paix. Bien que la paix soit un processus. En attendant que ce processus se concrétise, il y a des choses qui peuvent être faites. Des mesures urgentes peuvent être prises pour réduire le nombre d’enfants déscolarisés dans la province de l’Ituri à cause de l’insécurité.

Un fonds spécial, par exemple, pourrait être créé pour soutenir chaque enfant déscolarisé. Je parle ici de la prise en charge des frais et fournitures scolaires des enfants. Pourquoi ne pas prévoir des logements pour eux et comment les nourrir ? Une campagne de récupération de ces enfants peut aussi être organisée. Il faudrait aussi que les autorités construisent des écoles pour les enfants déplacés et les intégrer gratuitement, etc. Ils peuvent aussi être reçus sans trop de problèmes dans les écoles de Bunia.

Agissons maintenant pour que les enfants soient à l’école.