Marie-Claude est enfant reporter de Bukavu depuis 2014. Aujourd'hui, elle a 20 ans, et est jeune reporter. Elle est passionnée des livres. Elle souhaite que tous les enfants soient traités à égalité et sans discrimination. Marie-Claude is young reporter in Bukavu since 2014. 17 years old, she is passionate about books. She wants every child to be treated equally and without any discrimination.

Judith a 19 ans. Elle est l’ainée de sa famille. C’est une amie et voisine. Récemment, vers 20 heures nous avons entendu du bruit venant de chez eux. C’étaient comme des bruits de lutte. Ma mère, mon père et moi sommes allés voir ce qui se passait. À notre surprise, le papa de Judith battait sa femme devant ses enfants.

 

Nous nous sommes rapprochés, je me suis précipitée vers mon amie et ses petits frères et sœurs qui s’étaient tous regroupés autour d’elle. Mon père a pris son papa à l’écart pour aller discuter et c’est à ce moment que Judith m’a raconté que ce n’était pas la première fois qu’ils étaient temoin de ce genre de scène. Il arrive souvent que son père frappe sa mère lorsqu’il est ivre ou lorsqu’il n’y a pas assez de nourriture à la maison. Ses petits frères et sœurs assistent aussi à ces scènes et en ressortent traumatisés.

 

Ces enfants grandissent avec l’image d’une mère victime et d’un père bourreau

 

Leur maman essaie de les calmer, de les réconforter et de leur dire que tout ira bien, mais au fond ils savent que ce n’est pas le cas, qu’il y aura une prochaine fois. Ces enfants grandissent avec l’image d’une mère victime et d’un père bourreau et taisent souvent les scènes dramatiques dont ils sont
témoins. Ils sont tiraillés entre l’amour de leur père et de leur mère… l’angoisse de perdre leur père, de l’envoyer en prison et celui de protéger leur mère qui est en position de victime.

Les violences conjugales sont présentes dans plusieurs foyers en RDC, la plupart des femmes ne portent pas plainte face à cette situation dans le but de préserver leurs mariages. Les enfants qui assistent à des scènes de violence entre les parents sont des victimes.

Ils sont des victimes directes : quand ils sont touchés, humiliés harcelés… ils sont des victimes indirectes : lorsqu’ils sont exposés.

 

Face aux violences les enfants peuvent avoir différentes réactions et jouer différents rôles :

– Rôle de confident : soit du parent victime ou du parent auteur de la violence,
– Rôle de l’agresseur : il peut présenter des comportements violents avec les adultes ou les enfants de son âge.
– Rôle de l’enfant modèle : tente de prévenir les violences, ne contrarie pas les parents, se  débrouille seul au maximum, ne demande pas d’aide…

Selon l’association française Solidarité des Femmes, les enfants traumatisés par les violences conjugales présentent davantage des problèmes de santé : retard de croissance, allergies, maux de ventre, maux de tête, trouble du sommeil et de l’alimentation. Ils présentent fréquemment des troubles de la l’adaptation : phobies scolaires, angoisse de séparation, hyperactivité, irritabilité, difficulté d’apprentissage et des troubles de la concentration. Ils présentent aussi des troubles du comportement 10 à 17 fois plus que les enfants dans des foyers sans violence.

Les autorités locales peuvent prendre des initiatives dans les écoles pour aider les enfants 

Les enfants exposés aux violences conjugales doivent bénéficier des services adaptés pour mieux appréhender leur situation et pour un jour ne plus se retrouver dans la position de bourreau ou de victime et se reconstruire psychiquement. Ces enfants sont capables de se reconstruire, mais leur
famille ou les proches environnants doivent aussi les protéger.