Choisie, 15 ans, est Enfant Reporter à Kinshasa. Elle a participé à plusieurs activités de plaidoyer en faveur de la protection, de l’éducation et de la participation des enfants.

Je m’appelle Choisie Nseka, enfant reporter à Kinshasa. J’ai échangé avec Jean Goubald, un artiste congolais, et avec quelques élèves afin d’avoir leurs avis sur la musique congolaise d’aujourd’hui en comparaison avec celle d’avant.

Les artistes musiciens utilisent la musique comme un moyen pour véhiculer des messages. Je suis d’accord. La musique est donc un moyen de communication. En RDC, vers les années 60 et 80, nous apprenons que la musique congolaise a tracé une histoire passionnante avec la rumba congolaise. Un style qui a influencé les musiques dans plusieurs pays africains et hors du continent africain. La musique des années 60 et 80 contenait beaucoup de conseils de vie et racontait des histoires de vie.

Aujourd’hui, beaucoup de musiciens congolais chantent l’amour et produisent des textes autour du sexe et de l’argent. Ce qui est bien dommage, je trouve.

 

Auparavant, il y avait plus de conseils dans les chansons

 

L’artiste Jean Goubald et un enfant reporter à Kinshasa @ponabana 2021 (@ponabana)

« Nos parents, les musiciens des années 1960 avaient une instruction solide. On le sent dans les musiques de Kallé Jeff, de Tabu Ley, etc. Il y avait de la cohésion, de l’expertise dans leur manière de faire de la musique. Il y avait un côté plus éducatif et rempli de sagesse » explique Jean Goubald, artiste musicien congolais.

Selon Jean Goubald, avant, les artistes musiciens congolais chantaient les valeurs de la vie et prodiguaient des conseils. Ils chantaient aussi l’amour, bien entendu.

 

Les inspirations changent-elles avec le temps ? 

 

Dans certaines chansons de cette époque, on entend par exemple des textes sur la valeur de la femme africaine et sa façon de s’habiller en pagne, avec un grand cœur rempli d’amour. Il y a aussi des chansons sur les cultures africaines, les réalités sociales de Kinshasa. Franco Lwambo avec l’orchestre Ok-Jazz ont chanté pour dénoncer les comportements des belles sœurs envers les femmes de leurs frères, etc.

La musique congolaise, d’aujourd’hui en tout cas pour la plupart, a perdu son sens éthique et les artistes congolais de nos jours chantent le sexe, l’amour, les femmes et l’argent. Ils adorent surtout la polémique. Il semble que polémiquer est un élément pour avoir du succès.

Pour moi, ces musiciens ne s’intéressent pas aux valeurs à transmettre. Chacun veut se faire très vite de l’argent. Une chanson prend vite de l’ampleur lorsqu’elle tourne autour du sexe et les clips qui exhibent les filles avec leurs formes. En fait, les enfants ne peuvent pas écouter ces chansons en présence de leurs parents.

 

Finalement, j’aurais voulu naître vers les années 60, 80 

 

« Comment voulez-vous que les individus qui ont une éducation bâclée, puissent produire quelque chose de bon dans l’avenir », se demande Jean Goubald.

Selon lui,« les musiciens d’aujourd’hui pour la plupart n’ont pas fréquenté l’école. La musique, au-delà d’être un art est aussi une science qui nécessite une méthode, un objectif, un savoir-faire et une intelligence ».

« La musique des années 60 était faite pour inculquer des valeurs, mais celle d’aujourd’hui inculque des bêtises aux enfants. Sincèrement, j’aurais voulu naître vers les années 60 et 80 en rapport avec la musique », pense Clémence, 16 ans, élève en 4em année bilogie-chimie.