Jacky Useni est un Enfant Reporter de Kinshasa.

Je m’appelle Jacky. J’ai 16 ans et je suis élève en 5ème année des humanités.  Depuis quelques temps, un phénomène prend de plus en plus de l’ampleur à Kinshasa à travers les réseaux sociaux: « les dealeuses ».

 

Les « dealeuses » sont des jeunes filles qui recrutent d’autres filles pour les offrir à des hommes fortunés contre de l’argent. Le recrutement se fait essentiellement sur internet grâce aux réseaux sociaux. La mise en relation avec les clients fortunés qui veulent des filles se fait lignes. Et les clients, sont prêts à payer beaucoup d’argent. La « dealeuse » ou l’agent recruteur prend un pourcentage dans ce que le client paie. En fait, il y a aussi des hommes parmi les agents recruteurs.

J’ai entendu parler de ce phénomène. Mais, je n’y prêtais pas attention jusqu’au jour où j’ai été contacté par Facebook pour un deal. Une affaire qu’on m’a proposée.

 

Sur mon compte Facebook, une jeune fille m’a envoyé une demande d’ami que j’ai accepté. Je ne pouvais pas m’imaginer tout de suite ce qu’elle allait me demander de faire.  On a commencé à s’écrire dans un premier temps. On parlait des banalités des gens qui viennent de faire connaissance.

Ensuite, elle a commencé à me parler de sa vie et de ce qu’elle faisait. En gros, elle gagne sa vie en vendant son charme et son corps aux personnes qui peuvent payer entre 500 et 900 $. Et dans un pays comme la RDC où plus de 2/3 de la population vit sous le seuil de pauvreté, c’est une somme non négligeable.

 

Après m’avoir dit ce qu’elle faisait, elle m’a demandé si je pouvais travailler avec elle.  Elles sont à cinq dans l’équipe avec un garçon qui habite à Brazzaville. C’est ce garçon qui apporte les marchés et met les filles en relation avec les clients payeurs.

 

Que faire devant des propositions 

 

J’ai dit non. En fait, je ne peux pas sacrifier ma vie et ma santé pour de l’argent. Une telle proposition de gagner autant d’argent peut être attirante pour des jeunes ou des adolescents. En effet, beaucoup des jeunes filles et garçons tombent dans ce piège assez présent en ligne. Je me demande ce qu’une autre jeune fille aurait fait à ma place ? Et il y a beaucoup des filles qui tombent dans cette exploitation sexuelle pour gagner de l’argent. La pauvreté des parents et le manque d’éducation exposent davantage les jeunes filles devant ce genre des recruteurs qui te propose de gagner beaucoup d’argent en très peu de temps. Cela se passe essentiellement sur les réseaux sociaux et offre une certaine discrétion.

Et dans un monde de plus en plus connecté, les ados sont en contact avec des milliers de personnes de tous genres sans que personne ne soit au courant. Une connexion et un compte suffisent pour être attirés au risque de tomber sur des prédateurs sexuels.

 

Dans mon cas par exemple, avant que je n’en parle, personne ne savait que j’avais une amie sur Facebook qui me proposait de rejoindre un groupe de filles qui vendaient leurs corps pour de l’argent. Si j’avais accepté leur proposition, j’aurais pu partir pour une autre ville sans que mes parents ne s’en rendent compte sur le moment. Cela montre bien les risques auxquels nous les jeunes sommes exposées à travers les réseaux sociaux.

 

Il est donc important que l’on protège les enfants et ados de ces agents qui recrutent sur les réseaux sociaux. Il faudrait que la loi congolaise pour s’adapter pour traquer ces personnes et les sanctionner, plus sévèrement si possible. D’ailleurs la loi est claire à ce sujet.  La loi de 2006 sur les violences sexuelles dans en RDC considère le souteneur et le proxénétisme comme une forme de violence contre la femme.

 

Il faudrait également que l’on sensibilise les enfants, ados et jeunes sur les dangers des réseaux sociaux. C’est vrai que les réseaux sociaux offrent quelques opportunités pour se former et se développer. Mais, il y a aussi des risques. En fait, derrière un compte qui paraît normal, peut se cache peut-être une dealeuse, un prédateur sexuel, qui cherche à recruter des ados.