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Christian Maland est un encadreur des Enfants Reporters de la ville de Kipushi, dans le Haut-Katanga.

Le samedi 04 mai 2024, j’ai échangé avec fille finaliste. On va l’appeler Germaine. Elle va passer ses examens préliminaires ce lundi 6 mai. Germaine n’est pas seule. Elle est venue avec son bébé.

 

Germaine vit à Mukoma, un village dans la province du Haut-Katanga. Il faut parcourir une quarantaine de kilomètres pour arriver jusqu’au centre des examens d’Etat à Kipushi. La fille a 18 ans.

 

Garder l’enfant d’un viol

Germaine est intelligente et ambitieuse. Un jour, alors qu’elle revenait de l’école, elle est prise à moto par un motard plus âgé qu’elle. Celui-ci l’emmène en brousse et abuse d’elle. La fille est traumatisée et n’arrive pas à raconter ce qu’elle a subi. Elle n’en parle à personne dans sa famille ni à l’école.

 

Quatre mois plus tard, Germaine a des sensations bizarres dans son corps. Son ventre commence à prendre du volume et devient dur. Elle ne sait plus quoi faire et décide d’en parler à ses parents. Germaine est tabassée violemment par ses parents. Perdue, la fille ne sait pas quoi faire. Certaines de ses amies lui conseillent de se faire avorter.

Germaine a redoublé la quatrième année des humanités pédagogiques, le temps d’accoucher. Elle reprend l’école après l’accouchement de son garçon.

 

Elle garde encore son rêve

« J’avais honte. En allant à l’école, mes camarades n’aimaient plus rester avec moi. J’étais pointée du doigt et on parlait en mal de moi. En classe, les professeurs ne disent rien, mais me regardent de travers. Les garçons de ma classe se moquaient de moi. Ils m’ont surnommé élève mère. Maman venait avec mon bébé pendant la récréation pour l’allaiter. Les moqueries étaient devenues insupportables. J’ai décidé de m’enfuir pour ne plus les subir », raconte Germaine. Elle reprend les cours et s’accroche pour avoir son diplôme.

« Je ne croyais pas que je pouvais arriver jusqu’aux examens préliminaires. Je suis venue avec mon petit frère de 12 ans. Il va s’occuper de l’enfant, le temps où je serai en train de passer les examens. J’ai mal pour mon petit frère. Il va rater les cours pendant trois jours », regrette Germaine.

 

 

Les parents de Germaine n’ont pas assez d’argent. Mais, malgré cela, la fille ne veut pas s’arrêter à cette grossesse. Elle compte poursuivre ses études et devenir infirmière pour aider les femmes dans sa communauté. « J’aimerais m’occuper des enfants après mes études d’infirmière. Je voudrais prendre soin des enfants comme j’ai sauvé la vie de mon bébé. J’aimerais le faire pour d’autres bébés de ma communauté », projette Germaine. Mais il faudra d’abord obtenir son diplôme d’Etat.

 

Que faire pour soutenir cette fille?

L’histoire de Germaine me rappelle qu’il ne faut pas perdre l’espoir. Elle a réussi à surmonter le traumatisme de son viol, l’accouchement et supporter les moqueries pour reprendre ses études. Elle voudrait offrir un meilleur avenir à son fils qui ne connaîtra probablement pas son père.

C’est dur. Mais, je demande comment mieux protéger les élèves contre un cas de viol qui pourrait arriver alors qu’elles rentrent de l’école ? Doivent-elles rentrer toujours en groupe ? Et comment est-ce que les parents peuvent veiller à la sécurité de leurs enfants ? Après avoir été violée, reprendre les études est une situation difficile à vivre pour la jeune fille. Mais comment aider les filles qui tombent enceinte à ne pas abandonner leurs études ? Quel soutien psychologique ou accompagnement mettre en place? Ce sont des questions que je me pose dans le but de préserver le droit à l’éducation des filles. Parce que souvent, quand une fille tombe enceinte, c’est tout son avenir qui s’écroule. Alors que l’éducation peut lui donner encore une chance d’espérer se projeter dans l’avenir.

 

Encadreur : Christian Maland