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Je suis Manassé Élite, enfant reporter de la ville province de Kinshasa. Je suis élève au collège Saint Théophile et j’ai 15 ans. Tout petit, j’aimais la médecine et tout ce qui concerne le corps humain.

 

Pour moi, le rêve, c’était de me retrouver dans une salle d’opération à réparer les dégâts qui sont liés aux nerfs. Un peu comme l’acteur qui incarne Ben Carson dans le film « Des mains en or ». J’étais attiré par la neurochirurgie en fait.

 

Mais depuis quelque temps, je commence à changer d’avis. En fait, j’ai appris que la médecine ne « paie » pas bien au Congo. En plus, on m’a aussi dit que dans certains hôpitaux, les médecins sont payés en retard ou ont des mois d’impayés. Moi, j’aimerais vivre de mon métier. Donc il me faut changer mon orientation.

 

Pendant que je réfléchissais sur quoi choisir, je suis tombée sur la maquette d’une maison intelligente faite par les étudiants de l’Université de Kinshasa. Pour aider les plus jeunes sur leur choix de filière, la faculté d’architecture de l’Unikin a ouvert ses portes aux élèves de plusieurs écoles, dont la mienne. J’ai eu la chance d’être parmi les élèves choisis pour y participer. Et depuis, j’ai commencé à aimer l’architecture.

 

Ce qui m’a le plus impressionné avec cette maquette, c’est que les étudiants ont travaillé avec d’autres ingénieurs pour créer une maison intelligente. En plus, un professeur en construction m’a dit que quand un ingénieur fait le plan d’une maison, il reçoit 30% de l’argent investi pour le projet.

Depuis, je pense maintenant à devenir ingénieur architecte d’abord par ce que ça rapporte de l’argent.

 

L’architecture me permettra de réaliser un autre de mes rêves

 

Avec l’argent que je vais gagner comme architecte, je pourrais réaliser un autre de mes rêves : construire un orphelinat. Je voudrais m’occuper des orphelins. Et pour cela, je vais faire des plans pour construire des orphelinats et mettre à l’abri des enfants qui pourraient finir à la rue. Je voudrais leur offrir ce que je n’ai pas eu. Vous vous demandez sûrement ce que c’est.

 

Je ne connais pas mon père

 

En fait, je n’ai jamais connu mon père. On m’a toujours raconté qu’il n’a pas voulu de moi et qu’il est parti. Donc, en construisant un orphelinat ou un centre pour héberger les enfants, je voudrais leur offrir un père. Qu’ils puissent avoir quelqu’un qui prendra soin d’eux et qui pourra répondre à leurs besoins.

Pour moi, c’est important de leur donner une chance de grandir comme dans un cocon familial. Je ne serai pas leur père biologique. Mais au moins, je pourrai leur offrir cette opportunité que je n’ai pas eu avec mon père.

 

Je me battrais pour réussir 

 

Quand je parle de mes rêves, plusieurs personnes se plaignent du fait que je fais des études de pédagogie alors que je voudrais par la suite faire l’architecture. On me demande pourquoi je n’ai pas choisi une option plus mathématique, qui me faciliterait mon adaptation en architecture. J’explique souvent que c’est parce que je n’arrivais pas encore à me décider sur le métier que je voudrais faire. Avec mon orientation en pédagogie, personne ne me donne de chance de réussir dans l’architecture. Quand on aime quelque chose, malgré les obstacles qui peuvent se dresser en chemin, on n’abandonne pas. Donc je resterai ferme sur ma décision. Et un jour, je deviendrai ingénieur architecte en République démocratique du Congo. J’y crois.

 

Encadreure: Abigaël Mwabe