Faveur Maniku, 16 ans, est Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle a participé au Forum des Filles de la RDC en 2022.

Dans mon quartier, le taux de criminalité augmente chaque jour. En fait, cela nous expose aux dangers. Et j’ai peur. Je vis à Kauka, un quartier à Kinshasa. Avant, ce quartier était sûr.

 

On pouvait rentrer à n’importe quelle heure de la nuit sans crainte d’une attaque ou menace des « Kuluna ». Les « Kuluna » sont des jeunes garçons qui sèment l’insécurité et d’affrontent à coups de machettes.

Mais, depuis quelque temps, l’insécurité a pris de l’ampleur. Et la police ne parvient pas à maintenir l’ordre. Cette situation dure depuis longtemps, mais pas avec la même intensité. Aujourd’hui, la situation est inquiétante. Tout a commencé par des conflits entre les jeunes des quartiers voisins. Lorsqu’ils s’affrontaient, on ne pouvait pas se déplacer sans qu’on ne vous arrache un téléphone ou autre bien de valeur.

En fait, je ne pouvais même plus me déplacer pour aller voir mes amis du quartier voisin. J’avais peur d’être reconnue par les « Kulunas ».

Habitué aux poursuites des « Kulunas »

Avant, quand on entendait les coups de feu et les bruits des policiers qui pourchassaient ces jeunes délinquants la nuit, on avait peur. Mon frère pleurait quelquefois.
Mais aujourd’hui, nous avons pris l’habitude de vivre les bagarres des « Kulunas » en pleine rue pendant la journée. On s’est aussi habitué à voir des policiers les poursuivre.

Tous les soirs, les coups de feu pleuvent. Rien ne change en réalité malgré tout. C’est devenu notre vie. Avant on se plaignait. Maintenant, on ne le fait plus.

Cette situation nous indispose et rend notre vie difficile. C’est comme si l’état et la police n’existent pas.

Ce n’est pas normal que nous puissions vivre constamment dans la peur. Il est temps que les choses changent. On devrait vivre librement, marcher sans avoir peur et circuler dans la quiétude.

Il est temps que l’état prenne des mesures sévères pour remédier à cette situation qui menace le bien-être et la sécurité de l’enfant. Parce que, parmi les victimes de cette insécurité, il y a des enfants. L’article 3 de la Convention relative aux droits de l’enfant, alinéa 2 stipule que « les Etats parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées ». Les mesures importantes s’imposent en fait, pour notre sécurité.