Je m’appelle Nginika Tshitshi, j’ai 14 ans et je suis enfant reporter de la commune rurale de Kamonia, dans la province du Kasaï. C’est autour de 11h qu’un groupe de jeunes garçons m’a arrêté, alors que je me rendais à l’école. Il faisait une chaleur étouffante. Ils avaient les yeux rouges, le regard agressif, et puaient l’alcool à plein nez.Tout de suite, l’un d’eux me somme de leur donner leur droit. Ne sachant pas de quoi il s’agit, je rétorque : « mais de quel droit vous me parlez ? ».

 

 

Je n’étais pas au courant, mais dans mon quartier ce gang a instauré une loi :avant de passer par leur chemin, il faut leur acheter du chanvre ou du whisky. Sinon, ils te poignardent avec un couteau.

J’ai eu le malheur de me retrouver au milieu d’eux. Ils étaient une dizaine, en cercle autour de moi. Donc aucun moyen de m’échapper. Heureusement, j’avais un billet de 200 francs que ma mère m’a remis pour la récréation. Je me suis empressé de le leur tendre, sans hésiter. Rien ne vaut ma vie.

 

En discutant avec mes amis, je me suis rendu compte que la situation est la même dans plusieurs quartiers de Kamonia. Des jeunes créent des gangs très violents, qu’on appelle « bases ». Ces jeunes sont parfois des enfants de seulement 12 ans. C’est très grave.

 

Je pense que ces jeunes n’ont pas été bien encadrés par les parents. Pour la plupart, ils ne vont pas à l’école. Ils n’ont même pas une activité qui leur permet de s’occuper. Ils passent leurs journées dans la rue à boire et à fumer. La pauvreté des parents ne leur permet pas de prendre soin des enfants. Alors beaucoup d’enfants, entrainés par des amis, se lancent dans le banditisme de rue à Kamonia. Ils risquent la prison en posant ces actes.

 

Je voudrais mener un plaidoyer pour ces enfants et jeunes. Il faut qu’on les mette dans des centres de formation des métiers, pour qu’ils puissent apprendre à gagner leur vie en travaillant. Tant qu’on ne leur trouvera pas des activités saines, les quartiers de Kamonia seront toujours en insécurité.

 

Depuis les grandes crises qu’a connu notre province, plusieurs organisations de la société civile sont venues appuyer des projets à Kamonia. Je voudrais que ces organisations appuient l’apprentissage des métiers afin de récupérer les enfants qui sont dans les gangs.