Je suis Neema Gisèle, enfant reporter de la ville de Goma, province du Nord-Kivu. J’ai 15 ans et suis déplacée. En fait, ma famille et moi vivons dans le camp de Lushagala à l’ouest de la ville de Goma.

Et dans ce camp, nous avons un problème d’approvisionnement en eau. C’est en allant chercher de l’eau que « Dadou », une fille de 13 ans, est morte noyée dans le lac Vert.

Sur le site des déplacés de Lushagala, il n’y a pas d’eau. Cela depuis quelques jours. Pourquoi ? On ne sait pas. Et comme on ne peut pas vivre sans eau, chaque matin, certains déplacés de ce camp vont chercher de l’eau dans le lac Vert qui est dans les environs. D’autres personnes vont chercher de l’eau dans des déplacés de Bulengo. Il y a des enfants parmi ceux qui vont chercher de l’eau. Sur la route, les enfants sont exposés aux risques d’accidents. En allant chercher de l’eau dans le lac, un enfant s’est noyé.

 

Morte en allant chercher de l’eau

Il y a un peu plus de trois semaines que ce drame s’est produit. Dadou, benjamine de sa famille, et ses deux amies sont sorties pour aller chercher de l’eau. Pendant qu’elles remontaient la pente, le bidon de Dadou lui a échappé des mains. La jeune fille a suivi son bidon qui a fini sa dans le lac. C’est en tombant dans le lac qu’elle s’est noyée.

 

Manque d’eau dans le camp des déplacés de Lushagala (@ponabana)

Sa famille apprend la nouvelle et vient chercher l’enfant dans l’eau. Après des heures de recherche, on ne retrouve pas Dadou. Trois jours après sa noyade, des gens qui nageaient sous l’eau ont retrouvé le corps de l’enfant.

 

 

Ramené à la surface, les parents ont identifié leur fille. La vie d’un enfant de 13 ans s’arrête comme ça, juste parce qu’elle est partie chercher de l’eau. J’ai vraiment eu mal. Et dans le camp des déplacés, rien n’a été fait pour soutenir cette famille ou la consoler. En plus, l’eau ne coule toujours pas et aucune solution n’est trouvée pour ce problème de manque d’eau. Les déplacés, adultes et enfants, continuent d’aller chercher de l’eau dans le lac Vert. Et moi aussi d’ailleurs.

 

En fait, dès qu’il y a pénurie d’eau, les déplacés des camps sont sur les routes pour aller chercher de l’eau. Il n’y a pas longtemps, trois enfants sont morts dans un accident de circulation en allant chercher de l’eau à Bulengo.

 

J’ai appris que «les enfants ont le droit d’avoir les meilleurs soins de santé possible, de l’eau potable, de la nourriture saine et de vivre dans un environnement propre et sûr. Tous les adultes et les enfants doivent être informés de la manière de rester en sécurité et en bonne santé ». Est-ce que les enfants qui vivent dans des camps des déplacés peuvent aussi bénéficier de ce droit ? Je le pense bien. Alors, les autorités devraient trouver des solutions efficaces pour que l’eau soit accessible sur le site des déplacés. Cela va protéger les enfants des accidents de circulation et risques de noyade. Plus que tout, nous avons droit à la vie et à l’accès à l’eau potable.

 

(*Dadou, c’est prénom que nous avons modifié)

Encadreur : Brigitte Nirere