Jérémie Karagi est un enfant reporter de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.

Je suis Jérémie Karagi, enfant reporter à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. J’ai entendu parler des histoires de certains enfants qui vendent de la ferraille près de la rivière de Cula, dans la commune de Bagira.

Un jour, je me suis dit que je vais rencontrer ces enfants pour savoir dans quelles conditions ils vivent et pourquoi ils vendent de la ferraille au lieu d’être à l’école comme moi et d’autres enfants. J’avais aussi entendu dire que dans cette rivière, il y aurait de la cassitérite, l’un des minerais utilisés pour la fabrication d’un téléphone. Je me suis donc décidé d’aller voir. 

 

Arrivé sur place, j’aperçois au loin un enfant avec un sac à la main près de la rivière. L’enfant semble chercher quelque chose qu’il aurait perdu. Curieux, je vais vers lui pour en savoir plus. Que cherche-t-il exactement ?

C’est là que je tombe sur Akili. Il a 11 ans et ne va pas à l’école. Il ramasse de la ferraille. Il vend ses produits dans des maisons connues de la ville. Une fois dans ces maisons de négoce, la ferraille est pesée et lui donne de l’argent.

Pour Akili, cette activité l’aide à soutenir sa famille d’autant plus que ses parents n’ont pas assez d’argent pour subvenir aux besoins de la famille. Il se sent aussi fier quand il parvient à ramasser ces objets en fer.

 

Ramasser de la ferraille à Bagira ne se fait pas sans risque

 

Il a 11 ans. Akili est confronté à certaines difficultés dans son activité. Il reçoit parfois des injures et des moqueries d’autres enfants qui vont à l’école et pas lui. Du coup, il se sent mal et voudrait aller à l’école comme les autres enfants.

De fois, il arrive qu’il soit tabassé par des inconnus qui le trouvent en chemin. D’autres personnes le traitent de bandit. Akili dit avoir été témoin d’un accident de circulation qui a couté la vie à un autre enfant qui exerçait cette activité avec lui. « Mon ami ramassait de la ferraille quand une voiture l’a renversé.

J’ai commencé à avoir peur de ce que nous faisons. Mais nous n’avons pas autre chose à faire à part ça. Il paraîtrait que d’autres enfants se sont noyés dans la rivière Bagira. D’autres attrapent des infections et d’autres maladies » m’a raconté Akili.

Il faut penser à changer de vie

Akili aimerait changer de vie. Il voudrait bien aller à l’école comme d’autres enfants dans sa province. « J’aimerais être nourri par mes parents comme d’autres enfants et faire une bonne école pour espérer avoir un avenir meilleur » espère cet enfant. Il  n’a pas voulu m’en dire plus sur sa situation familiale.

Il est vrai que, beaucoup d’enfants décident de faire cette activité à cause de la pauvreté de leurs familles. D’autres enfants orphelins ramassent aussi de la ferraille parce qu’ils n’ont personne pour s’occuper d’eux. D’autres enfants font cette activité parce qu’ils veulent gagner de l’argent.

Quelle solution pour les enfants ?

Au lieu de laisser les enfants ramasser de la ferraille pour vendre, les autorités feraient mieux d’orienter ces enfants vers l’école.

Tous les enfants doivent aller à l’école comme l’indique l’article 38 de la Loi n°9 portant protection de l’enfant du 10 janvier 2009. L’article 52, 53, 54 de la convention relative aux droits des enfants défend la même cause. L’article 25 de la loi portant protection de l’enfant revient sur la participation des enfants aux travaux qui ne correspondent pas à leurs âges et ni à leurs poids. Il stipule que « l’enfant a droit à la pension alimentaire à charge de ses pères, mère ou tuteur, conformément à la loi ».

J’estime que, conformément à cette disposition, les parents doivent s’assurer de prendre en charge les enfants et répondre à leurs besoins. Ce n’est que de cette manière  que les enfants n’auront pas besoin d’aller travailler pour venir en aide à leurs familles.