Choisie, 15 ans, est Enfant Reporter à Kinshasa. Elle a participé à plusieurs activités de plaidoyer en faveur de la protection, de l’éducation et de la participation des enfants.

Je suis Choisie Nseka, enfant reporter de la ville province de Kinshasa. Je vous raconte l’histoire de Ange, une fille de mon quartier. Elle et ses sœurs ont été violées lorsque leur maison a été cambriolée. Les faits se sont passés il y a de cela deux ans. Ange a 16 ans et habite dans la commune de Sélembao.

Les bandits qui sont venus cambrioler chez eux en ont profité pour les violer. Ange m’a raconté qu’au départ, ces bandits avaient fouillé la maison pour prendre des biens de valeur. Ils avaient presque tout pris.

Violées à tour de rôle

« En fait, alors qu’ils s’apprêtaient déjà à partir lorsque leur chef s’est retourné et nous a fixé. Il a ensuite demandé qu’on nous ligote et nous déshabille. Il a laissé traîner son regard sur mes sœurs et moi et puis il a pris ma petite sœur de 11 ans et l’a violé devant nous tous. J’ai pensé qu’il s’agissait d’un règlement de comptes », se souvient Ange.

Ange et ses deux sœurs ont été violées à tour de rôle. Leur mère a été épargnée. Les bandits avaient tous des machettes et les parents de Ange regardaient, impuissants, la scène. C’était horrible et triste.

Le silence pour préserver la réputation de la famille

La famille de Ange a décidé de garder cette histoire secrète pour préserver leur réputation. Ange et ses sœurs étaient obligées de supporter la douleur dans le silence. Mais les rumeurs se sont propagées dans le quartier et tout le monde a su ce qui s’était passé. Ange et ses sœurs sont désormais mal vues dans leur quartier. Pour sortir dans la rue, elles doivent parfois se couvrir le visage.

En fait, le viol de ces filles s’est déroulé un jour où il y avait coupure de courant. Et Ange m’a dit que s’il y avait du courant dans le quartier, les violeurs n’allaient pas forcer la porte de leur maison. « Les agents de la SNEL passent récolter de l’argent sans nous donner du courant en retour », déplore la jeune fille. Le quartier de Ange est dans le noir que beaucoup des bandits agressent régulièrement des familles la nuit.

Lors de ce viol, Ange est malheureusement tombée enceinte. Elle a gardé la grossesse et a accouché d’une fille. Depuis, elle craint et appréhende l’avenir de son enfant. Elle-même ne va plus à l’école. Dans son lycée, d’autres filles se moquent d’elle. Une souffrance qui s’ajoute en fait à une autre.

L’histoire de Ange est triste. Je trouve injuste qu’elle puisse endurer une telle situation dans une famille démunie. Après le viol, sa famille n’a bénéficié d’aucun soutien psychologique. Et Ange se débrouille comme elle peut avec sa fillette.

Je voudrais que les autorités puissent veiller à rétablir la sécurité dans ce quartier et notamment au quartier Mabulu.

La police complice ?

D’autres cas de viols sont enregistrés dans ce quartier. Mais le constat est que, la police n’intervient presque jamais quand les bandits agissent. Dans la journée, il n’est pas rare de voir certains délinquants du quartier circuler librement et rire avec les policiers du coin. Je me demande pourquoi les forces de l’ordre ne luttent pas efficacement contre ces bandits, dont certains sont connus dans le quartier ?

Après un cas de viol, il n’y a aucune investigation qui est faite pour retrouver les auteurs. Même en cas de cambriolage, rien n’est fait pour retrouver les voleurs. C’est comme si la police était impuissante face aux voleurs et bandits.