Tychique Katabe a 15 ans. Elle est enfant reporter à Kipushi, dans la province du Haut-Katanga.

Je me nomme Tychique Katabe, enfant reporter de Kipushi. J’ai 15 ans. En cette période de la pandémie de Covid-19, les élèves de plusieurs écoles à Kipushi ont créé des groupes WhatsApp. Comment se crée ces groupes ? Pourquoi d’ailleurs, qu’est-ce qu’ils se racontent ? J’ai cédé à ma curiosité. Parce que dans ma classe, on n’a pas des groupes Whatsapp. Enfin, pas officiellement.

Un groupe Whatsapp, des élèves qui commentent les cours, ou qui décident tout simplement de ne pas se perdre de vue pendant la période de confinement à cause du Covid-19. C’est une initiative qui m’a séduite. Quand je rencontre Michelle, âgée de 17 ans, élève en 6e commerciale et gestion. Mais surtout administrateure du groupe Whatsapp de sa classe, je me suis dit : pour certains élèves, le confinement ne veut pas dire vacances. Et tant mieux. On passe de sms aux reseaux sociaux. 

 

« L’idée de lancer le groupe Whatsapp est née pendant le confinement »

 

Michelle est élève et administrateure du groupe Whatsapp de sa classe. Kipushi 2021 @ponabana

Michelle est élève et administrateure du groupe Whatsapp de sa classe. Kipushi 2021 @ponabana

 

 » 6 ème CG tokoss », c’est le nom du groupe Whatsapp. Il est assez marrant et cool le « Tokoss », qui veut dire  » Kitoko », donc quelque chose de positive, de beau et de bien.

« Nous avons créé notre groupe pendant le confinement. L’objectif était celui de nous aider à bien communiquer entre les élèves, mais aussi avec nos professeurs. Nous étions confinés», explique Michelle, toute serieuse.

« Personne ne venait à l’école. Sans cette communication, certains d’entre nous allaient oublier même les matières apprises à la première période. Et nous allions perdre de niveau. Surtout que nous sommes en 6e secondaire. C’est en quelque sorte, pour nous, la continuité de l’enseignement à distance avec nos professeurs. C’est ce que faisaient aussi mes amis dans d’autres écoles de Kipushi » , poursuit – elle.

 

«  Les résultats scolaires, c’était aussi dans notre groupe Whatsapp » 

 

 

« Notre groupe WhatsApp est un groupe scolaire. Nos discussions tournent essentiellement sur les cours. Pendant le confinement, les professeurs nous donnaient des devoirs et exercices. Nous travaillions et envoyions les réponses dans le groupe. Nous étions informés de nos résultats dans le groupe. Cela nous a permis de garder notre équilibre », poursuit cette élève.

J’ai lu un article qui affirmait qu’en 2020, l’Inde avait carrément pris la décision d’utiliser Whatsapp comme outil, ou canal, pour dispenser les cours. Whatsapp reclame plus de 400 millions d’utilisateurs.

 

De la cour de l’école à Whatsapp entre élèves et professeurs 

 

La cour de l'école où étudie Michelle et ses camarades. Kipushi, 2021 @ponabana

La cour de l’école où étudie Michelle et ses camarades. Kipushi, 2021 @ponabana

 

Ce qui est encore intéressant dans cette initiative, les élèves ont réussi quand même à remplacer la cour de l’école, où ils pouvaient rencontrer les enseignants par une rencontre virtuelle. C’est génial!

« Comme nous étions confinés, le groupe nous permettait d’atteindre rapidement tout le monde. Et lorsqu’on a décrété la fin du confinement, le groupe WhatsApp nous permet de prendre des programmes avec nos professeurs pour des cours supplémentaires. (…)

(…) C’est aussi un moyen qui nous permet de terminer plus tôt les programmes. Nous y gagnons en temps et en énergie. A vrai dire, on épargne même l’argent de transport quand il faut contacter tous les amis de ma classe », explique Michelle, l’administrateure du groupe Whatsapp de sa classe.

Je me rend compte que la messagerie instantanée aujourd’hui permet d’échanger en temps réel. Et c’est parfait ! Le monde change et on doit s’adapter au changement.

 

Parfois dans les discussions, on s’égare de l’objectif  principal du groupe 

 

Les élèves consultent le téléphone dans la cour de l'école. Kipushi, 2021 @ponabana

Les élèves consultent le téléphone dans la cour de l’école. Kipushi, 2021 @ponabana

 

Certains élèves oublient l’objectif premier du groupe qui est celui d’échanger sur les cours et les programmes liés à l’école. Certains viennent y raconter des histoires qui n’ont aucun rapport avec l’école.

Michelle constate que de fois, lorsque les élèves n’avaient rien de spécial à se dire, ils se racontaient n’importe quoi. Dans ce cas, le groupe devient un lieu de divertissement au lieu de rester le lieu de formation.

En plus, les parents et les préfets ne contrôlent pas ce qui se passe dans nos groupes WhatsApp. Il semble que certains élèves auraient des groupes secrets qui ne sont connus ni des responsables de leurs écoles, encore moins de leurs parents. J’aimerais savoir de quoi parlent-ils. Je vais m’y pencher un jour!

 

Qu’en est-il des élèves qui n’ont pas de téléphone smartphone ?

 

L’école où Michelle et ses camarades étudient. Kipushi, 2021 @ponabana

L’école où Michelle et ses camarades étudient. Kipushi, 2021 @ponabana

 

Pour Michelle, même si les groupes WhatsApp offrent certains avantages, mais tous les élèves n’ont malheureusement pas de téléphone. Ce qui est vraiment dommage. Pourtant, un du secondaire devrait avoir nécessairement un téléphone Android pour communiquer avec ses collègues et faire des recherches.

Michelle m’a confirmé qu’il lui était difficile de contacter les élèves qui n’étaient pas dans le groupe WhatsApp.

Du coup, ces élèves manquaient des exercices et devoirs que les professeurs donnaient. Ailleurs, les initiatives similaires ont été prises aussi

Je demande aux parents de faciliter à leurs enfants qui sont au secondaire l’accès à la formation en ligne par les nouvelles technologies, ainsi que sur les réseaux sociaux. Mais, les parents ainsi que les préfets doivent surveiller les groupes WhatsApp des élèves pour savoir ce qui s’y raconte.

 

Encadreur : Christian Katondo.