Christiane Lendo, 17 ans, est enfant reporter dans la ville de Matadi, Kongo Central.

Je m’appelle Christiane. J’ai 17 ans et je suis en 4em des humanités.

J’étais désagréablement surprise d’apprendre que mon professeur de mathématiques n’est pas payé depuis l’entrée en vigueur de la gratuité de l’enseignement. Comment fait-il pour vivre et prendre soin de sa famille ? Il est père de deux enfants.

 

Didier Tamasala est enseignant de mathématiques à l’institut Kianvu, une école conventionnée catholique de la ville de Matadi, dans la province du Kongo Central. C’est mon école et lui, c’est mon enseignant. Il a 35 ans. Il est toujours motivé au travail.  

« Je suis enseignant depuis 4 ans à l’institut Kianvu, dans la ville de Matadi. Depuis mon affectation, l’État congolais ne m’a jamais payé», souligne l’enseignant avec une once de déception même s’il le cachait.  Mais, c‘est facile pour les élèves de remarquer quand l’enseignant est de bonne humeur ou pas. C’est normal, quand on a l’habitude de les écouter parler et expliquer les cours. 

« Avant quand j’enseignais, je vivais de la prime payée par les parents d’élèves. Aujourd’hui, cette prime est irrégulière depuis l’entrée en vigueur de la gratuité. Je n’ai plus de logement sûr pour vivre avec ma famille suite à cette situation», se plaint-il.

Les oubliés de la gratuité de l’enseignement

 

Un enseignant dispense les cours dans une salle de classe, Matadi, 2021 (@ponabana)

La gratuité et les enseignants impayés à Matadi (@ponabana)

Depuis l’entrée en vigueur de la gratuité de l’enseignement, quelques frais scolaires que les parents payaient ont été supprimés.

« Le chef de l’État n’a pas eu tort d’officialiser précipitamment la gratuité de l’enseignement, même si cela est un disposition constitutionnelle. Mais, il fallait prendre des mesures pour permettre aux enseignants de pouvoir continuer à vivre décemment de leur travail », a déclaré l’enseignant. Il ne sait plus comment subvenir aux besoins de sa famille.

« Je ne suis plus motivé pour enseigner avec passion comme avant du fait que je ne suis pas payé. Je pense que si je trouve mieux ailleurs, je vais abandonner l’enseignement », regrette Didier Tamasala.

 

On va vers une reconversion professionnelle des enseignants ?  

 

Enfants en file indienne avant d’aller en cours dans leur école primaire d’Eliya, près de Kalemie.

 

Le cas de cet enseignant n’est pas isolé. Selon la Synergie du syndicat des enseignants à Matadi, plus de 2.500 enseignants des écoles conventionnées et non conventionnées ne sont pas payés par l’État congolais. Cette situation affecte négativement le bon déroulement des cours comme l’a signifié Simon Nsilulu, président de la synergie des enseignants.

Un article de Radio Okapi indique que dans la province du Mai-Ndombe, au territoire de Kutu, plusieurs enseignants préfèrent aller aux champs ou à la pêche que d’enseigner, sans espoir d’être payés. 

La gratuité de l’enseignement a donné l’occasion à beaucoup d’enfants non scolarisés d’être à l’école comme le prévoit l’article 28 de la convention internationale des droits de l’enfant. Mais, les mesures d’accompagnement manquent pour que cette gratuité soit efficace dans plusieurs secteurs.

 

 

Encadreur : Ange Lumpuvika