Jessica, 16 ans, est enfant reporter dans la ville de Matadi, province du Kongo Central.

Je m’appelle Jessica, enfant reporter de la province du Kongo Central. Je réside à Matadi et j’ai 16 ans. Je veux vous relater l’histoire de mon passage de classe de la 2ème à la 3ème année biologie chimie, année scolaire 2019-2020.

Lors de la délibération des examens de fin d’année scolaire, un professeur de mon école m’a appelé un jour m’expliquant que je n’ai pas assez de points pour valider l’année. Il me citait six cours. Impossible de pour moi de passer dans la classe suivante. Il m’a d’abord demandé de lui apporter de l’argent le même jour avant 13h. Au cas contraire, je vais reprendre mon année. Ouf!

Franchement, après cette discussion, j’étais abattue. En plus, je ne savais pas où avoir cet argent. Pourquoi donner de l’argent pour réussir ? Pourtant, j’étais sûre d’avoir bien travaillé vu comment j’avais préparé mes examens et la manière dont je les avais passés.

Après toutes ces questions, j’ai rappelé l’enseignant pour lui dire que je n’avais pas cet argent. Je ne donne rien. Il me dit par la suite que si je n’ai pas l’argent qu’il demandait, il faudra alors que j’accepte de devenir sa petite copine. J’ai aussi refusé d’être sa petite copine. Et j’étais impatiente de voir ce qu’il allait faire. Au final, j’ai pu valider mon année.

Briser le silence, bonne ou mauvaise idée?

Plusieurs d’entre vous se demandent pourquoi est-ce que je n’en ai pas parlé à mes parents? Mes parents sont d’un tempérament nerveux, de nature. Si je les mets au courant, ils risquent de croire que je ne travaille pas bien à l’école. En plus, le professeur risquait de perdre son travail.

Je ne suis pas la seule à subir les avances d’un enseignant. Beaucoup d’autres filles de ma ville sont harcelées sexuellement par les professeurs dans leurs écoles. Je voudrais qu’ensemble, nous puissions briser le silence. Dénonçons ces enseignants pour le bien de tout enfant en milieu scolaire.

Laisser cette situation telle qu’elle est aujourd’hui risque de réduire les chances de réussite des filles en classe et les empêcher d’étudier calmement en toute sérénité. Je souhaite aussi que l’Etat Congolais s’engage à protéger l’enfant contre toutes formes de harcèlement et d’exploitation sexuelle en milieu scolaire, comme signalé dans l’article 34 de la Convention internationale des droits de l’enfant.