Abischai Mbayo, enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut Katanga

Je suis Abischaï Mbayo, Enfant reporter de Kipushi dans le Haut-Katanga, et j’ai 17 ans. Dans ma ville, cinq enfants ont été kidnappés en un jour. J’en suis sérieusement choqué.

 

 

De Kipushi en Zambie, à moto

Dimanche, alors que tout le monde était à l’église, Gaston, Ben et Bezio, trois garçons d’environ 8 ans, s’amusaient comme d’habitude chez eux. Un motard usant de ruse les a enlevés. « Nous nous amusions quand une moto s’est arrêtée là où nous étions. Le motard nous a dit d’aller l’aider à récolter les maïs pour nous payer après. Il nous a trompés et nous a amenés très loin dans la brousse, en Zambie. » rapporte Gaston. Il ajoute : « Là, nous avons trouvé un autre motard qui nous attendait. La mission était de nous tuer. Ils se sont parlés, et ils nous ont dit que nous avons de la chance. Il nous a repris pour nous ramener près de Kipushi en brousse. Nous sommes restés de 10 heures jusqu’à 19 heures sans manger ni boire. »  Gaston semblait traumatisé.

 

Evadés, à 30 km de leur domicile

Deux autres enfants ont été enlevés le même dimanche. En plein culte, leur mère les envoie acheter des couches à usage unique (Pampers) pour son bébé, leur frère. Deux hommes les kidnappent alors. «  Ils nous ont dit qu’il y  a des couches moins cher et qu’ils vont nous indiquer l’endroit où les trouver. Ils avaient garé une voiture quelque part. Lorsque nous sommes arrivés là où il y avait la voiture, ils nous ont drogués et nous ont embarqués pour Lubumbashi. » dit Guélord.

Les deux garçons ont été emmenés à Lubumbashi, à 30 km de là. Ils y sont restés de dimanche à mardi. Ils étaient enfermés dans une maison en construction. C’est mardi, soient deux jours après, qu’ils ont réussi à s’échapper. « Nous avons escaladé le mur. Une maman nous a conduits chez un Chef de quartier de Lubumbashi. Ce dernier à son tour, nous a conduits à l’arrêt de bus. C’est comme ça que nous avons regagné Kipushi. » m’a raconté Guélord.

 

L’implication des autorités est urgente

Lorsque j’ai appris cette histoire, j’en ai parlé avec le comité d’enfants de ma cité. Notre objectif est de contacter l’autorité locale afin de prendre des mesures de sécurité appropriées. Il y a 8 mois, une rumeur circulait dans la ville au sujet du kidnapping d’enfants. L’Administrateur avait convoqué en urgence une réunion de sécurité avec tous ses services. L’objectif était d’identifier tout mouvement suspect et d’arrêter les coupables. Je lance une fois de plus un cri d’alarme. Il est grand temps d’agir. On doit démanteler le système. Les personnes impliquées doivent être identifiées et traduites en justice.

 

Appliquer la loi dans toute sa rigueur

L’article 35 de la convention internationale relative aux droits de l’enfant stipule : « Les Etats partis prennent toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher l’enlèvement, la vente ou la traite d’enfants à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit. »

Et l’article 161 de la loi portant protection de l’enfant en RDC ajoute : « Quiconque enlève ou fait enlever, arrête ou fait arrêter arbitrairement, détient ou fait détenir un enfant par violence, ruses, ou menaces, est puni de deux à cinq ans de servitude pénale principale. Lorsque l’enfant enlevé, arrêté ou détenu a été soumis à des tortures corporelles, l’auteur est puni de dix à vingt ans de servitude pénale principale. »

Nul n’est au-dessus de la loi dit-on. La vie d’un enfant est sacrée. Il faut la protéger.

 

Encadreur : Christian Katondo