Guy Muzongo, enfant reporter de la ville province de Kinshasa.

Je m’appelle Guy Muzongo, enfant reporter de Kinshasa. Je suis élève en 4ème année littéraire à l’Institut de la Gombe dans la commune de Gombe à Kinshasa, la capitale de la RDC. J’ai été agressé devant mon école. 

Il y a quelques mois, j’ai été agressé. C’était pendant la période des interrogations. En sortant de mon école, fatigué et affamé parce que je venais de passer une interrogation générale, un groupe d’élèves en uniforme m’a agressé. En fait, ces élèves étudient dans une école technique voisine de la mienne. Et ils étaient depuis un temps en conflit avec des élèves de mon école. Ce conflit a commencé quelques années auparavant. Et moi, étant nouveau dans cette école, je n’avais aucune idée des mauvaises relations entre ces deux écoles. Je ne connais toujours pas la vraie raison de ce conflit.

Victime d’un règlement de comptes 

Le jour de mon agression, vers 14h, après les interrogations, la cour de mon école est presque vide. Et les élèves de l’école voisine ont décidé de venir régler leurs problèmes avec ceux de mon école. J’étais avec deux amis. En sortant de l’école, un groupe d’une vingtaine d’élèves avance vers nous et nous pointe du doigtAvant que je ne puisse comprendre ce qui m’arrivait, le groupe se jette sur moi. Je n’ai même pas eu le temps de me défendre. Ils m’ont rapidement assommé. Mes amis ont eu peur et ont fui. Je suis resté seul aux mains de cette bande.

Je ne me souviens plus de ce qui s’est passé ensuite. Mon réveil s’est fait plusieurs heures après, à l’hôpital. Mes parents étaient à mes côtés, alors que je ne comprends pas trop ce qui m’arrive. Ils m’ont dit que des gens de bonne foi m’avaient vu gisant au sol et inconscient. Ils m’ont emmené à l’hôpital qui se trouve près de mon école et ont, ensuite, appelé mes parents. J’ai été transféré à l’hôpital  Ngaliema. J’avais des convulsions et suis  entré dans le coma pendant plus de 18h du temps. Je me suis réveillé le jour d’après sans pouvoir parler. Je ne comprenais rien. J’avais perdu ma mémoire.

La lecture de mon rapport médical me donnait la chair de poule à entendre tout ce qui m’était arrivé. J’entendais les mots des médecins, mais je ne comprenais pas tout, car je ne connais rien en médecine. Mais les mots que j’ai pu comprendre étaient : état de conscience fléchie, convulsions et même passage dans le coma. Cette histoire restera sans doute, à jamais gravée dans ma mémoire comme un grand traumatisme.

Je me suis rétabli dix jours après. J’ai pris deux semaines de repos à la maison parce que je ne pouvais pas aller à l’école.

La police n’a pas réagi 

L’un de mes amis nous a confié l’identité de l’un de mes agresseurs. Mon père a porté plainte à l’inspection provinciale de la Police, ville de Kinshasa. Lorsque la police a ramené mon agresseur, un des policiers l’a reconnu pour avoir déjà été impliqué dans une affaire similaire à la mienne. Ensuite, mon père a demandé qu’une enquête soit ouverte pour retrouver la bande de mes agresseurs.

La réponse était dure à entendre. La police a demandé de l’argent avant d’ouvrir une enquête. Sur le coup, mon père a mené sa propre enquête et mon agresseur a dénoncé l’un de ses amis. Mais ce qui m’avait le plus choqué est que mon agression a eu lieu en face du palais de la Justice où il y avait des policiers. Mon père est allé leur demander pourquoi ils n’étaient pas intervenus. «Ce n’est pas notre secteur d’intervention», ont-ils répondu.  Je me demande, si c’est pour autant qu’il faut admirer en spectateurs une agression, alors que l’on est censé protéger les citoyens et leurs biens, surtout des mineurs ? 

Mes agresseurs sont libres comme l’air

Après mon agression, les auteurs sont restés impunis et libres comme l’air. Nous sommes allés en procès au tribunal pour enfants avec deux d’entre ces élèves. Jusqu’à aujourd’hui, ces élèves sont libres et n’ont aucune sanction. Je suis profondément déçu. Mes agresseurs n’ont pas été punis. Cela est une violation du droit de l’enfant, comme cela est inscrit dans la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE). Je me sens frustré et je ne me sens plus du tout en sécurité dans mon école.

Je demande aux autorités de l’école de mettre fin au conflit entre les deux écoles pour éviter que d’autres élèves ne soient aussi victimes d’agression. Aux juges, je demande de condamner ces élèves comme il se doit afin de servir de leçon au reste de la bande.