Jacob Botombe a 17 ans. Il est enfant reporter de l'Ituri, Bunia.

Les uniformes d’écoliers noirs et blancs avaient disparu récemment des rues de la ville de Bunia. Lundi 4 octobre, les élèves sont de nouveau visibles et c’est plutôt beau à voir. C’est la rentrée scolaire, mais il n y a pas beaucoup d’engouement. Le sentiment des enfants que j’ai rencontrés est teinté de joie et de triste.

 

 

À mon tour, j’ai souhaité comprendre le pourquoi. Alors, j’ai effectué une ronde dans une dizaine d’écoles de Bunia. Je m’appelle Jacob Botombe, 17 ans. Je suis enfant reporter de l’Ituri et je suis en dernière année baccalauréat à l’école Jean-Marie de la Mennais.

 

 

La joie de reprendre l’école

 

Lundi 4 octobre. Il est 7 h, heure locale. Des élèves ont déjà, par exemple, envahi la cour de l’Institut Nyakasanza. Leurs uniformes sont neufs, des nouveaux sacs au dos, les élèves sont bien coiffés. Ils ont les sourires aux lèvres et l’on pouvait lire sur leurs visages la joie de reprendre l’école.

Junior, 12 ans, est passé en 8e année. La première journée à l’école après, un petit repos était très attendu. « Sans vous mentir, je suis heureux de reprendre le chemin de l’école. Les vacances ont été courtes, mais c’est mieux d’étudier » explique cet écolier. Déjà, il a un but à atteindre. « Mon objectif est de faire au moins 70 % cette année ».

 

 

Timide rentrée avec deux enseignants 

 

Au complexe scolaire Nelson Mandela, quelques élèves étaient présents. Même s’ils n’étaient pas nombreux, ils ont pu étudier.

«Depuis le matin, nous avons échangé avec deux enseignants. Ils ont préféré capitaliser les heures en donnant des conduites à suivre durant l’année. C’est pour faciliter notre réussite », raconte, d’une voix douce, Marceline, 14 ans, élèves en 3e année rencontrée pendant la récréation.

À l’entrée de l’école primaire Murongo, il n’y a pas assez d’élèves. Dans les salles prévues pour une quarantaine d’élèves, seule une dizaine ou vingtaine était présente.

 

Bunia

Bunia, les élèves dans une salle de cours, septembre, 2021 (@ponabana)

 

Élèves partagés entre la joie et la triste

 

 

La joie n’a été que de courte durée pour certains élèves qui, pourtant, s’attendaient à étudier toute la journée.

À l’école Nyakasanza notamment, après quelques heures passées à l’école, les élèves sont retournés à la maison par le responsable de l’école. Aucun enseignant n’était visible dans la cour, ou encore sur dans les salles. « C’est la première fois que j’assiste à une rentrée pareille. J’étais heureux, mais là je suis malheureux. On n’a pas étudié, et maintenant nous rentrons à la maison », a confié un élève de la 2e année qui a préféré garder l’anonymat.

 

 

« C’était prévisible », affirment certains parents 

 

Sur la route, un parent rencontré nous indique qu’il a préféré garder son enfant à la maison le premier jour de classe. « Vous savez, on attendait çà et là qu’il y aurait peut-être grève des enseignants. J’ai estimé utile que mes deux enfants attendent encore que les choses soient un peu claires », a dit Rigobert, parent d’élèves.

Aucun responsable d’école ne s’est exprimé pour l’instant par rapport à cette rentrée un peu timide. Si dans certaines écoles, malgré la faible présence des élèves, les enseignants se sont présentés, mais dans d’autres, aucun enseignant n’y était visible.

Pas de communication officielle du syndicat des enseignants dans la ville de Bunia. Par ailleurs, quelques jours avant la reprise, des doutes planaient déjà sur une éventuelle grève des enseignants. Ils réclament l’amélioration de leur condition salariale.

 

Encadreur : David Ramazani