JennyNdindir est jeune reporter, ancien enfant reporter à Kinshasa.

Je suis jenny Ndindir, jeune reporter et encadreur des enfants reporters de la ville de Kinshasa. Le 26 juillet 2022, nous avons clôturé la formation d’un premier groupe de150 enfants du camp Kokolo au sein de l’école Bosembo . C’était une première étape. Un autre groupe d’enfants a été formé par la suite, la même semaine. Nous avons débuté la formation à 09h00 pour finir à 12h00. La formation a concerné l’initiation à la participation des enfants à travers la connaissance de leurs droits.

 

 

Comprendre le plaidoyer

 

Les enfants ont appris ce que c’est que le plaidoyer, ainsi que les différentes étapes pour le rédiger. Ils ont aussi appris la hiérarchie des différents décideurs  auprès de qui ils peuvent plaider leur cause. Une simulation de plaidoyer avec les enfants a par la suite été organisée, afin de les mettre en situation. Les enfants étaient réunis en groupes de quatre.

 

 

La mise en situation

 

Nous leur avons présenté l’histoire d’une fille nommée Murielle. Cette fille habite au quartier Maniema dans le camp militaire Kokolo à Kinshasa. Dans son quartier, les jeunes filles se prostituent pour survivre. De plus en plus d’adolescents prennent goût à ce travail, et la plupart nourrissent leurs familles avec l’argent gagné par la pratique de la prostitution.

Nous avons demandé aux enfants d’identifier de quel type de problème il s’agit, de donner l’article qui est violé dans ce cas, de cibler le décideur vers lequel ils vont plaider pour mettre fin à cette exploitation sexuelle des filles, et finalement proposer des solutions à soumettre. Au final, il devaient rédiger un message. L’équipe qui marque le plus de points avait droit à un cadeau. J’ai senti une forte émulation parmi ces enfants. Ils étaient motivés à bien répondre aux questions. J’ai beaucoup aimé leur dynamisme.

 

 

 

Les messages des enfants

 

Je suis fascinée par les messages que les enfants ont produit. Chaque groupe s’est fait représenté par un porte parole. Il y en avait 4 au total. Ils ont exposé leurs messages oralement, en lingala et en français. C’était merveilleux. Ils m’ont épatée par leurs messages qui était bien agencé et pertinent. Ils ont tous bien identifié le problème et ont trouvé l’article qui avait été violé. Le décideur concerné a été identifié et ils ont proposé la solution appropriée. Des solutions très touchantes. J’ai senti que les enfants se sont mis à la place de Murielle, la personne concernée dans cette étude de cas.

 

Formation des enfants du camp Kokolo à Kinshasa

Formation des enfants du camp Kokolo à Kinshasa (@ponabana)

 

 

Le point de vue des enfants

 

Raphaël, 16 ans, dit : «  le problème de prostitution  chez les adolescentes au camp est en majeure partie causé par la pauvreté.  Les jeunes filles se prostituent pour se nourrir et nourrir leurs familles. Il faut que le chef du quartier, en collaboration avec le gouvernement, crée des emplois dans le quartier Maniema, afin de permettre aux jeunes adolescentes d’avoir un gagne-pain. »

Aurore, 14 ans, pense que « c’est un problème de mentalité. Les jeunes filles ont grandi inspirée par leurs aînées qui on fait la prostitution et ont des petits commerces.  Il faut que le chef du quartier s’assure que toutes les jeunes filles vont à l’école et profitent d’une bonne éducation. Car on dit-il, éduquer une femme c’est éduquer toute une nation. Une fille qui est bien éduquée est capable de trouver des moyens sains pour sortir de la pauvreté, au lieu de vendre son corps ».

 

 

Une recherche de solutions

 

Courtois a 16 ans. Pour lui, « cela est une violation de l’article 34 de la CDE, qui protège les enfants contre toute forme d’exploitation sexuelle.  Le chef du quartier doit placer des agents de sécurité pour arrêter toutes les filles qui se prostituent, imposer des peines afin de les corriger et les orienter autrement ».

Emmanuel,15 ans, déclare que : « la prostitution des adolescentes au quartier Maniema est la conséquence de la pauvreté extrême de cette population.  Le chef du quartier doit s’entretenir avec ces adolescentes et leurs familles afin de les conseiller et leur offrir des petits emplois, ou leur donner des fonds pour commncer du petit commerce. Cela va les rendre plus indépendantes. Elle ne dépendront plus des hommes qui leur proposent de l’argent contre le sexe. »

 

Les différents messages des enfants démontrent l’assimilation des leçons apprises de cette formation sur la participation et les droits des enfants. Ils ont compris qu’ils ont des droits. Ils peuvent à présent identifier les problèmes qu’ils vivent autour d’eux et savent mieux vers quel décideur aller pour trouver la solution.  Je suis fière d’avoir transmis à ces enfants ces connaissances qui sont très importantes pour toute leur vie. Ils pourront en parler à leurs camarades et les droits des enfants seront ainsi propagés.