Aristote Mampuya est jeune reporter à Kinshasa et Président comité d’enfant.

Pourquoi danse-t-on ? À quoi nous sert-elle, concrètement ? Comment se sentent — ils les danseurs professionnels ? En avril dernier, mon encadreur et moi sommes allés dans la salle culturelle du Jardin zoologique de Kinshasa. J’y ai fait une belle rencontre : Eddy Mboyo, artiste musicien chorégraphe. Nous avons parlé de la danse, de la passion à une profession.

 

Eddy Mboyo a déjà 30 ans de carrière, dans la danse. Alors, je voulais savoir quelles sont ses sources d’inspirations, lui qui est danseur professionnel ? Parce qu’il est essentiellement dans les danses traditionnelles congolaises. L’autre question que je lui ai posée est celle de savoir: qu’est ce que la danse peut apporter dans la vie d’un enfant et quels sont les messages véhiculés à travers la danse.

Sourire aux lèvres, Eddy Mboyo se met à répondre à mes questions. Déjà, il affirme avoir « commencé à danser depuis le bas âge. Déjà à 6 ans j’étais réputé comme le grand danseur de mon école. Nous faisions des animations, spectacles pendant les proclamations devant les parents et nos collègues élèves et c’est de là que tout est parti ».

 

Je ne force pas avec la danse. C’est un talent inné et je m’inspire de la nature

 

Ses sources d’inspirations sont multiples. « Je ne force pas avec la danse. C’est un talent inné et je m’inspire de la nature. Par nature je vois les oiseaux qui volent, le chien qui marche, les mouvements des arbres, le milieu où je vis, la ville de Kinshasa. L’inspiration est là, car la danse c’est toute une vie.

La transmission de la danse est assez facile pour moi au vu de mon expérience », raconte Eddy Mboyo. C’est aussi par la danse qu’il est entré en contact avec certains enfants. D’ailleurs, lui-même a commencé à danser en étant enfant.

 

Danser, un métier pour développer le potentiel de l’enfant

 

« Je sais reconnaître ce dont l’enfant a besoin pour donner le maximum de son potentiel et le développer. J’ai encadré beaucoup d’enfants (même ceux dits de la rue) qui ont pu s’épanouir, certains sont dans la ville et d’autres en dehors du continent. J’anime des ateliers avec des enfants quand j’effectue des voyages juste pour former ces jeunes moyennant des méthodes que j’ai mises en place, car je suis formateur de danse et percussion africaine » m’a expliqué le chorégraphe.

Eddy Mboyo

Danseur traditionnel à Kinshasa (@ponabana)

 

Contrairement aux stéréotypes communs, la danse n’est pas un art pour des personnes dites de la rue. La danse est un art qu’on étudie. Elle apporte de l’intelligence et améliore plusieurs facultés intellectuelles de l’enfant. « Je vous donne l’exemple de Maurice Béjart qui fut un grand chorégraphe de renommée internationale, paix à son âme. Il travaillait en Belgique dans la danse classique et le ballet. A la base, il fut une enfant turbulent et c’est un chorégraphe qui, avec l’autorisation de ses parents, a pu maîtriser cet enfant et en faire le grand chorégraphe que l’on connaît aujourd’hui », nous dit Eddy Mboyo.

 

La danse vecteur de valeurs

 

La danse peut permettre de façonner un enfant. Elle permet également de lui transmettre les valeurs culturelles et traditionnelles. Car vous savez mieux que moi qu’un peuple sans culture est un peuple mort. On peut apprendre notre culture à travers la danse traditionnelle.

 

Malheureusement, la danse traditionnelle est parfois considérée comme étant diabolique et donc à bannir, selon une certaine conception. J’ai remarqué que parfois à Kinshasa, certaines personnes ont tendance à tout diaboliser, notamment nos coutumes et traditions. J’imagine comment certaines personnes réagissent juste à l’idée de voir son enfant faire la danse traditionnelle.

 

« Retenez-le, si on ne prépare pas nos enfants à préserver notre culture, il n’y aura pas de relève demain. Nous nous retrouverons avec un peuple sans culture. Je suis pour avec tous ceux qui encadrent des enfants. Car ce sont des gens qui peuvent promouvoir notre culture, qui sèment les racines dans l’enfant afin que ce dernier conserve ce qui lui appartient en d’autres termes sa culture », explique Eddy Mboyo.

 

Après l’échange avec le chorégraphe Eddy Mboyo, j’ai beaucoup appris et retenu à travers son expérience personnelle et ses illustrations. J’espère que chaque acteur lié à cet art, à son niveau de compétence, prendra acte pour agir et contribuer à sauvegarder la danse, cette belle tradition en nous, les enfants.