Manassé Zikuta est enfant reporter de Goma, dans la province du Nord-Kivu.

Je m’appelle Manassé Zikuta. Je suis enfant reporter de la ville de Goma, dans la province Nord-Kivu. Dans ma ville, beaucoup d’enfants ont arrêté d’étudier à cause des interruptions répétitives de cours. En plus des fermetures des écoles à cause de la Covid-19, les cours ont aussi été suspendus dernièrement à cause de l’éruption du volcan Nyiragongo le samedi 22 mai 2021.

 

J’ai voulu savoir comment les enfants font pour reprendre l’école après les interruptions successives. Il y a aussi d’autres élèves qui ne rentrent pas à l’école.

Élève travailleur pendant l’interruption des cours

Lors de la dernière éruption volcanique, huit écoles ont été emportées par les laves. Je suis sûr que tous les élèves de ces écoles n’ont pas repris les cours depuis. Je sais aussi que, pendant les interruptions des cours suite à la Covid-19, beaucoup de parents n’ont pas pu prévoir des activités pour occuper leurs enfants. Du coup, lorsque les écoles sont fermées, les enfants se mettent à vagabonder dans la ville. D’autres travaillent avec leurs parents, soit dans la vente ou se retrouvent dans des chantiers de construction comme aide-maçon.

À l’école Mama Yetu qui se trouve au quartier Murara, mon quartier, certaines classes sont en construction. Elles ont été rasées par les laves du volcan. En passant par  hasard sur ce chantier, j’ai croisé Djodjo Kubuya, élève est en 4ème année construction à l’institut Kanaume. Ce jeune garçon qui travaille comme aide-maçon.

« À cause des interruptions des cours, j’ai arrêté les études pour cette année. Maintenant je travaille sur ce chantier. L’argent que je gagne m’aide à répondre à mes besoins. Je peux acheter des habits, à manger, etc. », raconte l’élève en décrochage scolaire.

 

Djodjo n’est pas seul dans cette situation. J’ai remarqué que, depuis le début de la pandémie, beaucoup d’enfants vagabondent dans la ville de Goma, alors que les cours ont déjà repris. Ceux qui font les petits commerces disent le faire pour aider leurs parents. D’autres enfants disent qu’ils vendent pour subvenir à leurs besoins, parce qu’ils n’ont personne pour prendre soin d’eux.

 

Les photos prises par les enfants reporters de Goma autour des histoires vécues pendant la période de l’éruption volcanique

 

Reprendre l’école à certaines conditions

 

Alors qu’il a pris goût à l’argent, j’ai demandé à Djodjo s’il compte un jour reprendre l’école. Il m’a dit oui. Mais, le jeune a posé quelques conditions. « Il faut que le gouvernement fasse de son mieux pour que la Covid-19 cesse d’exister. Ainsi nous pourrons étudier sans interruption », espère Djodjo.

À un certain niveau, je partage l’avis de Djodjo. Le gouvernement doit faire en sorte que les mesures barrières soient respectées pour limiter la propagation et permettre aux élèves d’étudier sans avoir peur pour leur santé.

C’est ainsi que saurons, tous ensemble, combattre la Covid-19 et étudier sans interruption. Aux parents, je demande qu’ils prennent soin des enfants sans les pousser à faire du commerce. Même pendant cette pandémie, la place de l’enfant reste à l’école.

Encadreur : Jospin Benekiré