Brigitte Musune est enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga.

Je me nomme Brigitte Musune, enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga. J’ai visité la carrière Safricas de Kipushi. J’étais désagréablement surpris d’y retrouver beaucoup d’enfants en train de travailler à casser les pierres.

 

Dans le territoire de Kipushi, les enfants qui ne vont pas à l’école sont dans les carrières pour travailler.  Au lieu d’être à l’école, des enfants cassent des pierres pour en faire des graviers. D’autres chargent et déchargent des sacs de graviers des camions. En retour, on leur paie une modique somme.

Travailler dans les carrières, seule alternative pour les enfants de Kipushi

Beaucoup d’enfants dont les parents n’ont pas de moyens pour les envoyer à l’école vont travailler dans les carrières. C’est là qu’ils trouvent de quoi s’acheter à manger. Travailler dans la carrière est la seule alternative pour ces enfants non scolarisés à Kipushi.

L'enfant reporter de Kipushi et un enfant dans la carrière

Un enfant reporter rencontre un enfant travailleur à Kipushi,2021 (@Ponabana)

 

Parmi ces enfants, Ken Mbayo, 12 ans, raconte que « cela fait déjà trois ans qu’il travaille dans une carrière située à 4 km de la maison. Mes amis vont à l’école. Moi, je suis obligé d’aller travailler dans la carrière chaque jour de 6h à 18h. C’est vers 19h que je mange. Dans la carrière, je casse des pierres avec le marteau pour les transformer en gravier. Après, il faut les tamiser pour avoir des bons graviers. On me paie 1000Fc par jour. Et la nuit, j’ai des douleurs. Le travail est dur pour moi et je n’ai pas de repos ».

Casseur des pierres, telle mère, tel fils ?

Maman Ngoie, mère de Ken dit souffrir de voir son enfant travailler au lieu d’être à l’école comme d’autres enfants de son âge. « Ken est mon sang. J’ai mal de le voir ici dans la carrière alors que ses amis sont à l’école. J’ai déjà divorcé avec mon mari. Je suis incapable de supporter mes enfants dans tous les domaines. Voilà pourquoi aujourd’hui moi et Ken préférons travailler dans la carrière pour survivre ».

Enfant et sa mère

Un enfant travailleur et sa maman dans une carrière à Kipushi, 2021 (@Ponabana)

Beaucoup d’enfants ne sont pas à l’école malgré la gratuité de l’enseignement

 

Comment expliquer qu’il y ait encore des enfants dans les carrières alors que l’état congolais a décrété la gratuité de l’enseignement de base ? « Bien sûr que l’enseignement est gratuit comme on le dit. Mais, comment est-ce que je vais acheter les cahiers des enfants, les uniformes, sacs et d’autres effets scolaires ? Je n’ai pas de quoi subvenir aux besoins de mes enfants. Et pourtant je travaille pour gagner 1000Fc par jour. Il me faut nourrir et vêtir mes enfants. Il m’est impossible de scolariser mes enfants avec ce que je gagne », se plaint la mère de Ken.

 

Que dit la loi sur la protection des enfants et la pénibilité du travail ?

 

Le travail que fait Ken à l’âge de 12 ans est contraire à la loi. L’article 32, alinéa 1, de la convention internationale des droits de l’enfant stipule que : « les Etats parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social ».

Je demande donc aux parents de prendre en charge leurs enfants dans tous les domaines. J’estime que la carrière n’est pas l’endroit approprié pour les enfants. Les enfants doivent être à l’école.

 

 

Encadreur : Christian Maland