En partenariat avec l’Unicef, l’école primaire Kabwe de Kipushi a intégré dans ses classes les enfants qui travaillaient dans les sites miniers. Après cette action, l’établissement compte désormais plus d’élèves, du coup, il y a moins de bancs et ce n’est pas évident d’évoluer dans ces conditions.
Je me nomme Joël Kasongo, enfant reporter de la ville de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga. J’ai 15 ans. Je suis allé rencontrer Monsieur Raymond Kisula. Il est directeur de cet établissement scolaire. Avec lui, nous avons parlé des problèmes qui se posent dans son école qui est une Institution conventionnée catholique. L’école se trouve au quartier Uhuru en périphérie de la ville de Kipushi et c’est l’une des rares écoles où les enfants sortis de mines sont scolarisés.
Les classes sont bondées à l’EP Kabwe
« Le plus grand problème est que nous avons beaucoup d’élèves dans les classes. Il fallait inscrire tous ceux qui nous sollicitaient. Le nombre a sérieusement augmenté. L’effectif total est de 1 320 élèves dont 635 filles et 685 garçons pour neuf classes. L’Unicef y a rajouté au courant de l’année scolaire, les enfants qui travaillaient dans les carrières et les mines à qui elle a remis les kits scolaires », a expliqué le directeur de l’EP Kabwe.
Cette école est la seule institution publique située au centre de la cité Gécamines. Depuis l’instauration de la gratuité de l’enseignement, l’école reçoit les enfants qui viennent des quartiers Mungoti, Kachoma, OUA, cinq ans, Uhuru et même de la cité Betty.
« Avant la gratuité et avant l’arrivée des enfants sortis des mines, l’école comptait en tous plus de six cents élèves. Aujourd’hui, le nombre d’élèves a doublé, mais aucune nouvelle salle de classe n’a été rajoutée. Dans une classe, j’ai trouvé 136 élèves pour 34 bancs. Difficile pour eux d’étudier dans ces conditions », poursuit le directeur.
Bataille pour avoir une place dans les salles de classe
Kisumbule Madika, une fille qui étudie à l’EP Kabwe, nous raconte les conditions difficiles dans lesquelles elle étudie. « Dans ma classe, nous sommes à près de 100 élèves. Nous nous asseyons à trois ou quatre sur un banc d’un mètre. C’est pénible. Nous sommes étouffés surtout quand il fait chaud. Si tu sors de la classe, tu dois être sûr de ne pas perdre ta place. De fois, nous nous battons si un élève occupe la place d’un autre », se plaint Kisumbule Madika. Pourtant, les normes scolaires ont fixé l’effectif maximum entre 40 et 50 élèves par classe. Et puis, quand une classe a plus d’élèves, normalement, elle doit être scindée en deux.
« Pour écrire, il faut que deux élèves se lèvent pour laisser la place aux deux autres, sinon c’est impossible d’écrire », poursuit l’élève.
L’insuffisance des salles de classe, un véritable problème pour l’EP Kabwe
Un autre problème qui se pose à l’EP Kabwe, face au nombre d’élèves est l’insuffisance des salles de classe.
« Compte tenu de l’effectif des élèves, la plupart des classes devraient être divisées en deux. Mais comment le faire alors qu’il n’y a pas assez de salles ? Aucune autre salle de classe n’a été construite entre-temps. Et même s’il faut augmenter le nombre de salles de classe, c’est l’Etat qui doit se charger de la construction de salles, de l’engagement et du paiement des nouveaux enseignants », détaille le directeur. Il n’a pas les moyens pour affronter les problèmes qui se posent à son école.
Qu’en est-il de la qualité de l’enseignement ?
Avec une classe de 96 élèves, la tâche de l’enseignant n’est pas facile. « Nous recevons chaque année des matériels didactiques du gouvernement. Mais par rapport à l’effectif, le nombre de livres n’est pas suffisant pour les élèves. C’est un sérieux problème. Et surtout avec les confinements répétés, les enfants ont perdu leur niveau de départ », confie Monsieur Raymond Kisula, directeur de l’EP Kabwe.
Faut-il réorganiser l’enseignement ?
Madame Philomène, une enseignante de l’EP Kabwe, a trouvé de sa façon, une méthode pour atteindre un enseignement de qualité. Elle a regroupé les élèves de sa classe par petits groupes de 9 élèves. A la tête de chaque groupe, il y a un élève doué. Et elle, ne vient que pour superviser. Cette méthode a bien marché pour elle. L’enseignante déplore cependant le fait que les élèves n’ont pas tous le même niveau. Certains ont été inscrits alors qu’ils avaient abandonné les études il y a longtemps. C’est le cas de ceux qui sont venus de carrières et de mines.
Face à cette situation, l’Etat congolais et ses partenaires doivent en urgence financer la construction des nouvelles salles de classe dans les écoles où il y a beaucoup d’élèves et les équiper. L’Etat congolais doit engager de nouveaux enseignants. Cela pourra contribuer à la bonne qualité de l’enseignement.