Je suis Caleb, enfant reporter de Kinshasa et président du comité d’enfant de l’ITC Ntolani. Mon comité constitué de 11 membres soucieux, nous nous activons pour comprendre pourquoi les enseignants nouvelles unités ne sont pas motivés pour donner cours? Et les premières victimes de cette situation sont les élèves. En tout cas, ceux de mon école sont affectés par cette situation. Je crois qu’ils ne sont pas les seuls à travers la RDC.
Depuis l’instauration de la gratuité de l’enseignement de base, les enseignants « nouvelles unités » ne sont plus motivés. La qualité de l’éducation est sérieusement menacée par la situation.
Je rédige cet article pour vous parler de ce problème qui me tient à cœur. Il se passe dans mon école. Le Président de la République a décrété la gratuité de l’enseignement de base sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision a eu un grand impact pour tous les enfants du pays. La gratuité n’est plus un slogan mais plutôt une réalité. Sans aucune discrimination, les enfants peuvent retrouver le chemin de l’école en ne payant aucuns frais.
Les enseignants pas mécanisés restent dans la cour de l’école
Cependant, depuis l’instauration de la gratuité, les enseignants « nouvelles unités » appelées communément « NU » ne sont pas « mécanisés ». Autrement dit, ces enseignants ne sont pas enregistrés sur les fichiers de paie des enseignants. Ils ne perçoivent donc pas de rémunération de la part de l’État. Les enseignants nouvelles unités sont démotivés. Ils négligent les cours et enseignent quand ils le souhaitent.
Les élèves sont les premières victimes de cette situation. Leur droit à une éducation de qualité est bafoué.
Mes amis enfants reporters et moi avons rencontré des élèves de mon école pour comprendre ce qu’ils vivent. « Chaque jour, nous avons des heures libres et les élèves sont en train de se fâcher. Pourquoi les professeurs ne viennent pas enseigner alors qu’ils sont sous les arbres dans la cour de l’école ?», s’interroge un élève de la 8e année primaire avec beaucoup d’émotions.
« Même lorsque le professeur sait que c’est l’heure des cours, il préfère rester assis sous l’arbre», poursuit cet élève. Il est clair que cette situation le touche énormément.
Certains enseignants « NU » se sacrifient
Les élèves ne supportent plus l’absentéisme des professeurs. Certains ne se donnent même pas la peine d’expliciter une notion que les élèves n’auraient pas comprise. « J’avais fait ce constat. Un professeur était en train d’enseigner et un élève a posé la question en disant professeur, je n’ai pas compris.
Le professeur a dit: je m’en fous et il est sorti », a dénoncé un autre élève de la même école. La situation décrite par l’élève est scandaleuse. Elle illustre à suffisance le calvaire des enfants qui paient les pots cassés.
Nous sommes également allés rencontrer un enseignant « nouvelle unité » qui travaille depuis deux ans dans mon école l’ITC Ntolani. À son niveau, il dénonce les conditions dans lesquelles les enseignants NU travaillent. Il nous rappelle qu’ils ne sont pas payés et consentent des sacrifices énormes dans le souci d’enseigner. Le professeur nous confie qu’il marche parfois à pied de chez lui à Masina jusqu’à l’école pour enseigner.
Selon lui, les professeurs bien que non mécanisés, sont motivés et donnent cours régulièrement. Visiblement, l’enseignant a un autre regard sur la situation que les élèves vivent.
Il faut des mesures pour rendre la gratuité efficace
La directrice des études de l’ITC Ntolani, que nous avons interviewée, ne donne pas totalement tort aux enfants. Mais, elle affirme que la gestion de la gratuité de l’enseignement est complexe.
« Maintenant, on parle de la gratuité, c’est une chose qu’il faut gérer avec beaucoup de prudence », a lâché la directrice.
Le manque de motivation des enseignants NU et leur absentéisme tuent à coups de marteau la qualité de l’éducation en RDC. Les élèves ne peuvent plus continuer à être les victimes et voir leur éducation hypothéquée.
Parmi les pistes de solution figure le paiement complet des frais de fonctionnement des écoles ainsi que la mécanisation des enseignants nouvelles unités. Il y a aussi et surtout le fait de s’assurer que les enseignants sont compétents et qualifiés.
La gratuité n’est pas mauvaise. Tout dépend de son usage et des ressources mises en œuvre pour son effectivité. Sinon cette décision salvatrice peut devenir l’arme du crime dans ce qui apparait comme le meurtre de l’éducation en RDC.