Dorcas Karhatwa a 14 ans. Elle est enfant reporter de Bukavu, province du Sud-Kivu.

J’ai discuté avec Clarisse. Elle a 16 ans et vit dans la rue depuis deux ans. En fait, j’ai changé son prénom. Son histoire m’a beaucoup touché. Je l’ai approché pour en savoir un peu plus. Je m’appelle Dorcas Karhatwa enfant reporter de la ville de Bukavu et en province du Sud-Kivu. 

 

En discutant avec Clarisse, j’ai appris qu’il y a des enfants qui influencent d’autres à rejoindre la rue. Elle a quitté sa famille, sous l’influence de ses amies du quartier. Ces enfants avaient l’habitude de passer certaines nuits dehors. Clarisse n’avait pas cette habitude. Une fois dans la rue, elle regrette. Aujourd’hui elle tente de rentrer chez elle. Sa situation est plus compliquée parce que Clarisse a eu un enfant. Elle a un bébé de 6 mois. 

 

Selon ce qu’elle m’a raconté, au début, c’était bien. Passer la nuit à la belle étoile avec d’autres enfants dans une totale liberté était bien. Avec cette liberté, Clarisse ne voulait plus retourner chez elle. 

Aujourd’hui, elle ne veut plus continuer à vivre dans la rue. Lorsqu’elle a tenté de retourner à la maison, ses parents l’ont mise dehors. Ils ont dit qu’elle est délinquante.

 

La vie de rue n’est pas vivable pour un enfant

 

Le père de l’enfant de Clarisse est un mineur et vit lui aussi dans la rue. 

Selon elle, il fallait se trouver un petit ami. Le petit ami est là pour protéger la fille et l’aider à survivre. Le petit ami apporte de l’argent le soir. Et la fille passe tout son temps avec le petit ami. Aussi longtemps qu’une fille vit dans la rue, elle doit avoir un petit ami qui vit maritalement avec elle. 

Clarisse m’a confié qu’elle a été violée plusieurs fois, notamment par des forces de sécurité et d’autres adultes plus forts qu’eux.

 

Pour bien vivre dans la rue, les filles comme les garçons consomment des stupéfiants et des boissons très fortement alcoolisées. 

 

Eh ben, loin de cette liberté, il y a aussi une énorme souffrance que traversent les enfants. Il faut quémander pour survivre et passer la nuit dans le froid. La fille âgée de 16 ans a même peur de la santé de son bébé, qui ne supporte pas le froid et la famine autant qu’elle. Elle a peur de perdre son bébé vu les conditions atroces dans lesquelles elle vit au quotidien.

 

Le rêve de Clarisse

 

Clarisse aimerait que son enfant grandisse dans un bon environnement où sa santé et sa protection sont assurées.

Elle souhaite donc trouver un travail pour subvenir aux besoins de son enfant. 

Malgré sa vie, elle n’a pas oublié son ambition de devenir une grande danseuse.

Elle veut que son enfant devienne journaliste. 

 

Mon plaidoyer

Je plaide auprès des autorités pour faciliter la réinsertion des enfants dans leurs familles. Certains peuvent être réinsérés dans des centres appropriés, conformément à l’article 39 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Cet article stipule que : «l’Etat a l’obligation de faire en sorte que les enfants victimes de conflit armés, de torture, de négligence, d’exploitation ou de services bénéficient de traitements appropriés pour assurer leur réadaptation et leur réinsertion sociale ».

Je plaide aussi auprès des parents pour qu’ils prennent soin de leurs enfants et de bien les contrôler pour éviter que les enfants ne puissent pas déraper.